Echo lointain

Islande, 2019
Note : ★★★

Le cinéaste islandais Rúnar Rúnarsson est de retour au Festival du nouveau cinéma avec son troisième long métrage. Après le drame familial Eldfjall (Volcano, louve d’or du festival en 2011) et le coming of age Þrestir (Sparrows, 2015), Rúnarsson laisse tomber les portraits plus intimes pour un collage de 56 vignettes qui explore les islandais à la période des Fêtes. Comme tout collage, certaines vignettes se distinguent des autres, mais le procédé permet une certaine liberté d’interprétation.

La réalisation est plutôt simple avec la caméra toujours fixe sur l’action. Les 56 plans sont 56 tableaux d’islandais dans diverses situations ; d’employés de supermarché à un repas mangé seul. Si les gestes ou conversations capturées ne sont pas toutes aussi captivantes, elles dressent un portrait parfois humoristique, parfois triste de la société islandaise. Le cinéaste pose sa caméra avec soin, ayant toujours un cadrage impeccable, alternant entre paysages, personnages seuls et groupes.

Rúnarsson a opté pour une caméra d’observation qui n’intervient pas sur ses protagonistes comme l’a fait Michael Haneke en 1994 avec 71 fragments d’une chronologie du hasard. Dans les deux cas, un semblant de puzzle est à créer par les spectateurs. Là où le propos du cinéaste autrichien était plus pessimiste, celui du cinéaste islandais est plus joyeux. Sa caméra d’observation est moins austère et plus amusée se rapprochant davantage du regard comique voire absurde sur la société suédoise de Nous, les vivants (2007) du réalisateur Roy Andersson.

Echo agit comme un écho de la société pour nous spectateurs éloignés. Sans probablement tout saisir, le collage permet un regard sur une ce pays nordique. Un regard parfois familier (les situations familiales), parfois exotique (une conversation sur le refus de manger de la viande de baleine), parfois touchant et malaisant à la fois (une conversation à un arrêt de bus). Rúnar Rúnarsson crée des contrastes intéressants en faisant suivre des tableaux spécifiques comme un spectacle de Noël fait par des enfants et un concours de Miss Bikini. Dans les deux cas, il filme des regards braqués sur des sujets, et dans cet humour, notre regard se construit. Parce que la clé de cet exercice est justement ce regard : celui du spectateur sur cette société.

Echo fait rire (la réalité virtuelle et les grands-parents, le braquage de caméra, un père-noël expéditif); révolte (les employés d’un supermarché qui jettent les denrées invendues, l’arrestation de réfugiés); sublime (un paysage avec 14 marcheurs, une maison en flammes) ou encore, émeut (l’aide aux drogués, la véritable naissance d’un enfant). Ces films collages ont l’avantage de pouvoir plaire à tout le monde (car chacun y trouvera un tableau intéressant), mais ont souvent ce désavantage de ne pas être entièrement saisi dans cette hétérogénéité. Mais après tout, c’est peut-être cette absence d’uniformité qui rend ces objets intéressants.

Affiche promotionnelle

Ce film a été visionné dans le cadre du Festival du nouveau cinéma 2019.

Bande-annonce en version originale islandaise avec sous-titres anglais :



Durée : 1h19

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