Leviathan |

Prêts à plonger ? – ♥♥♥

Vous voilà embarqués pour une expérience que vous n’êtes pas prêts d’oublier ! Et c’est à vous de décider ce qu’elle sera, le matériau est là: brut, grouillant, viscéral… Repoussant les limites du documentaire et du genre cinématographique, bienvenue dans le Léviathan !

Si vous vous attendez à un documentaire habituel et formaté, passez votre chemin ! La caméra propose ici au spectateur une expérience cinématographique immersive et sans concession. Mais vous êtes prévenus: le chemin ne sera pas guidé ! Poussés dans le grand bassin, après avoir bu la tasse quelques minutes, remontez sur le pont et prenez la barre : c’est votre monde, faites-en ce que vous voulez !

Déboussolés par de longs plans-séquences non-cadrés, sans mise au point, au grain d’image grossier et destabilisés par le bruit des éléments, il vous faudra dépasser cette sensation première et vous laisser entrainer, fascinés, les yeux grands écarquillés et les oreilles à l’affut. Film d’action, d’horreur, comique, politique ou happening artistique, vous n’aurez pas besoin de lunette 3D ou de salle Imax pour vivre une expérience radicale, hors du commun. Comme le précise malicieusement le générique final, ici tout est objet: les marins, les poissons, les oiseaux, la mer, la lune, le bateau… c’est votre regard qui façonnera ce que vous avez devant les yeux et vous lui donnerez consistance.

Intéressés par la mer, les réalisateurs souhaitaient à l’origine filmer le port de Boston, plus grand port de pêche des États-Unis. Mais après quelques sorties en mer, l’idée d’un récit linéaire et narratif a été vite abandonnée pour filmer quelque chose qui ne serait pas reconnaissable, mais serait capable de créer un univers en soi. Armés d’une douzaine de caméras attachées au bateau, sur les marins ou dans les filets, c’est près de 150h d’images qui ont été tournées. La capture de son, faite avec les caméras ou des magnétophones a donné un mélange de bruits organiques et d’artefacts numériques, accentuant encore l’impression de vertige et de perte de repères. Faire un film sans savoir ce qu’il allait dire ou signifier était déjà un pari improbable, transmettre le flambeau au spectateur pour lui insuffler une consistance l’est tout autant !

Réalisateurs : Lucien Castaing-Taylor & Verena Paravel, son : Ernst Karel & Jacob Ribicoff, pays : États-Unis, Grande-Bretagne et France, durée : 87 min.