Canada, 2025
★★1/2
Dans la civilisation dépeinte dès les premières minutes de Can I get a witness?, film de Ann Marie Fleming qui se déroule près de notre époque, les conventions sociales semblent assez similaires aux nôtres. Seulement, la population canadienne doit maintenant survive avec des ressources presque taries, créant un déclin des industries telles qu’on les connaît. On doit donc apprendre de nouvelles habitudes reliées aux changements climatiques. La différence principale de cette nouvelle société : Les gens sont maintenant dans l’obligation de mourir à 50 ans, n’ayant que pour seule consolation un moment avec des personnes engagées comme témoins, passant les derniers moments de leur vie avec eux.
C’est dans cette carrière que se lance la jeune Kiah (Keira Jang), jeune artiste qui mettra à profit ses talents de dessinatrice afin de dresser un ultime portrait des personnes cinquantenaires qu’elle accompagnera vers la fin de leur vie. Accompagnée par son mentor Daniel (Joel Oulette), Kiah sera confrontée à plusieurs visions, réactions et appréhensions face à la mort, dans une série de discussions qui constituent la trame narrative du film. Au cœur de ces rencontres, la relation entre les deux collègues s’approfondira, permettant également à l’artiste d’accepter le vieillissement de sa propre mère Ellie (Sandra Oh), laquelle se rapproche bientôt de l’âge fatidique.
Ellie, dans l’intrigue, agit un peu à titre de personnage reliant les spectateurs actuels à la société représentée dans le film. Au fil de ses dialogues et descriptions qu’elle fait à sa fille de l’ancienne société, elle acquiert un rôle presque prophétique, voulant prévenir le public des risques d’une société qui continuerait à évoluer dans la même direction que ce que nous connaissons aujourd’hui. Le long-métrage est criblé de ces messages délivrés sans subtilité, ce qui nuit au message proposé de par son insistance et son manque de finesse.
La prémisse de Can I get a witness? présente beaucoup d’originalité par-rapport à sa vision d’une société futuriste assez rapprochée de la nôtre. La mise en contexte est plutôt réaliste, les changements sociaux prédits semblent probables, et la vision somme toute dystopique du film contraste avec la lumière et la douceur de sa mise en scène. La proposition aurait pu être franchement intéressante, mais bien vite, on verra les failles scénaristiques teinter toutes ces belles idée, autant par des dialogues explicatifs que des personnages agissant sans trop de logique, sinon permettre une mise en scène tape-à-l’œil. Là où la philosophie devrait prendre toute la place, on est souvent divertis par des propositions stylistiques convenues accumulant les clichés.
L’une de ces idées, intéressante sur papier, est l’intégration dans la mise en scène de petites animations, qu’on comprend ressortir du cahier à croquis de Kiah. Elle dessinera le visage des gens qu’elle rencontre, mais aussi des fleurs, oiseaux et autres éléments qui sortiront du papier afin de flotter lentement autour des personnages à quelques reprises. Le procédé somme toute sympathique n’est pas exploité à son plein potentiel, le résultat convenu ne parvenant pas à susciter l’émotion voulue.
L’idée d’un synopsis se déroulant dans un futur juste assez proche pour qu’il concerne notre société actuelle n’est fondamentalement pas mauvaise. L’urgence climatique est réelle et il n’y a aucune raison de bouder un cinéma qui serait plus revendicateur et engagé. Malheureusement, Can I get a witness? se contente de jeter un regard très critique sur la société actuelle, jugeant nos propres habitudes avec aussi peu d’originalité que de subtilité. Au moins, l’enrobage est doux et noble Il ne fait tout de même pas de tort de ressentir un peu de douceur malgré une crainte tangible face à l’avenir.
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Durée : 1h50
Crédit photos : Mongrel Media