The Other Side

The Other Side traite malheureusement d’un sujet trop large et présente une vision chancelante. ♥♥

The Other Side traite malheureusement d’un sujet trop large et présente une vision chancelante.

Le sud des États-Unis a toujours stimulé les fascinations; jazz, républicains, BBQ, conservateurs, blancs, ou contre-culture, les images fusent lorsque l’on pense à la Louisiane, le Nouveau-Mexique ou la Californie. Après sa trilogie sur le Texas, Roberto Minervini continue de braquer sa caméra sur le sud des États-Unis dans The Other Side, avec comme trame de fond, la Louisiane.

Dans ce film, Minervini s’intéresse aux paumés et à la culture White Trash du sud des États-Unis, via Lisa et Mark, deux consommateurs de drogues vivant de la revente et de petits boulots. En plus de ces êtres blessés par la vie, Minervini nous présente un autre cliché tenace du sud, les milices armées anti-gouvernement à proximité des frontières. À travers ces deux portraits, il tente de présenter une certaine réalité américaine encore trop méconnue.

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Observation contrôlée

Dans le documentaire d’observation, l’une des qualités primordiales du metteur en scène est sa capacité à s’effacer au profit de son sujet, a lui laissé la place qui lui revient et à placer sa caméra comme témoin des événements plutôt qu’instrument influenceur. Frederick Wiseman est passé maître dans cet art avec une feuille de route exemplaire, mais Minervini ne maîtrise malheureusement pas parfaitement cette approche. Ses choix éditoriaux semblent par moment trop diriger ou manipuler et viennent remettre en doute notre confiance envers sa mise en scène et amène de l’inquiétude à savoir si certaines scènes touchantes, drôles ou frappantes sont finalement mise en scène.

À ce sujet, certaines images (la plus marquante est celle d’une danseuse nue enceinte s’injectant de la drogue dans les veines entre 2 danses dans le bar) sont tellement soulignées, qu’on se demande jusqu’à quels points elles illustrent un propos pertinent tant, sans renier leur existence, elles demeurent marginalisées. La sélection de ce genre de scène semble aléatoire sinon pour montrer des images qui marqueront immédiatement l’esprit du spectateur. Les nombreuses scènes de sexe et de nudité plus ou moins à propos en sont un autre exemple probant. On en vient à oublier l’aspect documentaire du film et à prendre un recul considérable envers les protagonistes.

Heureusement, notre esprit se repositionnent avec l’autre partie. Les segments avec les milices armées sont en effet plus intéressants; équilibrés, ils donnent lieu à des échanges parfois radicaux, mais surtout percutants et fort intéressants. Les personnages sont articulés et la mise en scène est plus nerveuse et solide. Minervi a une approche beaucoup plus sportive et semble davantage assumer son rôle au sein de ce groupe éclectique. Si ces segments détonnent de ceux avec Marc et Lisa au premier abord, ils viennent nous montrer ce dont Minervi aurait été capable s’il avait eu la même maîtrise de son sujet tout au long du film.

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