P.S. Jerusalem est un film magnifiquement troublant parce qu’il est mis en scène avec une grande humanité et des nuances nécessaires. ♥♥♥♥½
Après la mort de son père, le brillant auteur et journaliste Amos Elon, Danae Elon prend la décision d’emmener sa famille vivre à Jérusalem, la ville où elle a grandi. Enceinte d’un troisième graçon avec son mari photographe d’une incroyable patience et gérérosité (on l’observe pendant le film) Danae Elon, ainsi que leur deux jeunes garçon, quittent Brooklyn en s’ouvrant à un nouveau départ. Déjà réalisatrice de trois documentaires, Danae s’arme de l’ancienne caméra de son père et décide d’archiver ce périple par la vidéo. L’expliquant elle-même dans le film, ce n’est que derrière une caméra qu’elle se sent vraiment elle-même et c’est peut-être grâce à celle-ci qu’elle passe au travers de cette épreuve. Bref, les semaines passent depuis leur arrivée et tout semble bien se dérouler, mis à part les emplois qui son difficiles à trouver, surtout pour son mari photographe. La barrière linguistique jouant un rôle crucial dans cette difficulté, les cours d’hébreux s’avérant plus difficile que prévu. Donc les mois passent et tranquillement, la ville révèle ses failles et sa violence. Les manifestations contre le gouvernement se multiplient. L’expansion juive gouvernementale expulse les palestiniens arabes qui y habitent déjà, et ceux-ci doivent accepter ces décisions qui ne sont pas les leurs, sans aucuns pouvoirs. Étrangement, la réalisatrice trouve son compte dans ce conflit. Elle s’y glisse comme une observatrice pour y filmer la haine entre les juifs et les arabes. Mais lorsque ses enfants arrivent à l’âge de l’école, cette haine, cette violence et ce racisme se fait tranquillement ressentir dans la famille Elon. Non pas que les enfants deviennent racistes, mais les questions du jeune Tristan, particulièrement lucide et sensible pour son âge, pousse la mère à questionner leur présence dans ce pays. Ces questions reflètent la séparation qui se fait entre ces deux peuples, par la langue, la culture et la vision. Habituant tranquillement sa famille à la présence constante de la caméra, Danae réussit à capter des discussions extrêmement intimes avec son mari, sur ces manifestations de haine et de racisme à son égard ainsi qu’à celui de ses enfants. Ils devront prendre la bonne décision avant que ce conflit social et culturel ne détruise leur famille.
P.S. Jerusalem est un film puissant parce qu’il raconte de l’intérieur le conflit israelo-palestinien, que l’on pourrait clairement définir d’irrationnel. Cette haine, cette violence et ce racisme nous prennent aux tripes et c’est complètement bouleversé que le spectateur quitte la salle. Troublé par autant de contradictions, par l’observation de cette inhumanité qui animent certains gestes, certaines réflexions d’un peuple face à une autre qu’il doit côtoyer. Et ce film est d’autant plus triste et difficile parce que l’on voit cette formidable famille si unie dès le départ se décomposer tranquillement. Des parents mûrs et généreux qui offrent la meilleure des éducations à leurs enfants, et ceux-ci si attachants par leur personnalité curieuse et encore plus attachants puisqu’on les voit grandir sur trois ans. Ce film pose un regard humaniste sur cet éternel et incompréhensible conflit et nous pousse à remettre en question notre propre rapport à l’Autre. P.S. Jerusalem est selon moi un film crucial, un film nécessaire.