États-Unis, 2017
★★★★★
Jordan Peele frappe fort avec Get Out, un thriller psychologique et social qui marque ses débuts en tant que réalisateur, producteur et scénariste. Ce projet, visiblement né d’une réflexion profonde, est à la fois une oeuvre divertissante et une critique acerbe des problématiques raciales encore très présentes dans la société américaine.
Dès les premières minutes, Get Out plonge le spectateur dans une atmosphère de tension croissante. Grâce à une narration dynamique et une réalisation immersive, Peele montre qu’il maîtrise les codes de l’horreur. Il y ajoute sa touche personnelle héritée de son passé d’humoriste, pour créer un enchaînement entre moments comiques et d’autres où le suspense haletant crée un fort impact viscéral.
L’intrigue semble, à première vue, banale : Chris (Daniel Kaluuya), un jeune homme noir, accepte de rendre visite aux parents blancs de sa petite amie Rose (Allison Williams), dans leur maison isolée. Rapidement, il découvre que ces derniers ignorent qu’il est noir, une situation qui crée un malaise palpable. À mesure que l’histoire progresse, Chris réalise qu’il est pris au piège dans un environnement où le racisme se manifeste de manière insidieuse, bien avant que la vraie nature de ses hôtes ne soit révélée.
À mesure que l’angoisse monte, les événements étranges s’enchaînent. Les domestiques, au comportement troublant, paraissent presque terrorisés à l’approche de Chris, renforçant l’atmosphère oppressante.
La mise en scène, travaillée dans chacun des plans, fait rapidement oublier le petit budget de 4,5 millions de dollars, dérisoire pour un film hollywoodien. Dès l’ouverture du film, la maîtrise de la caméra capte des détails cruciaux qui annoncent subtilement les thèmes du récit. Rien n’est laissé au hasard, et chaque élément compte pour la suite. Malgré ce modeste budget, des scènes clés de violence ou la fameuse sunken place impressionnent par leur impact visuel. Peele opte pour une esthétique volontairement simple, un minimalisme qui décuple la force de ces séquences.
La performance de Daniel Kaluuya est un des grands atouts du film. Son interprétation de Chris est d’une intensité rare : son regard et ses expressions faciales capturent l’angoisse croissante de son personnage sans jamais tomber dans l’excès. Allison Williams se montre, elle aussi, impressionnante. Sa transformation subtile de petite amie aimante à complice impitoyable d’un plan machiavélique choque les spectateurs lorsqu’ils découvrent la vraie nature de son personnage.
Une oeuvre riche en symbolisme et en détails discrets, Get Out mérite d’être revu pour en apprécier toute sa profondeur. Le film s’ouvre sur une chanson en swahili, dont les paroles, « Cours mon frère, cours », agissent comme un avertissement. Ce genre de détails, soigneusement intégrés, ravira les spectateurs adeptes des multiples visionnages.
En plus de sa dimension horrifique, Get Out s’inscrit dans la tradition des films à message social. À l’instar de Night of the Living Dead de George A. Romero, Peele utilise le genre pour explorer et dénoncer les injustices raciales. Le film fait réfléchir tout autant qu’il effraie, et c’est là toute sa force.
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Durée : 1h44
Crédit photos : Blumhouse Productions