Canada, 2023
Note : ★★★1/2
Karine Van Ameringen et Iphigénie Marcoux-Fortier, les documentaristes à la réalisation du film Novembre, ont été inspirées par l’article « L’âge de la solitude » de Georges Montbiot publié en 2014 dans The Guardian. Cet article observe l’immense solitude des individus qui vivent dans les sociétés contemporaines et déplore que le 21ème siècle a « détruit l’essence de l’humanité; notre interconnectivité ».
C’est cette interconnectivité que Van Ameringen et Marcoux-Fortier tentent de reconstruire avec Novembre. Ce documentaire vise à pallier aux fissures invisibles dans le tissu social à travers une série de confessions qui explorent les souffrances, résiliences et joies quotidiennes des Montréalais.es.
En Novembre 2017, les réalisatrices se sentaient isolées et vivaient toutes deux un épisode de dépression. Elles désiraient aller à la rencontre des gens autour d’elles, de faire du cinéma comme une façon d’être dans le monde. C’est alors qu’elles ont conçu l’idée de Novembre afin de connecter avec les gens qui peuplent Montréal.
Avec sa série de portraits intimes qui mettent en lumière leurs pensées et émotions des résident.e.s d’une ville, Novembre n’est pas sans rappeler Slacker de Richard Linklater et Nuits de Diane Poitras.
La maison de production du film, Les Glaneuses, s’aligne bien avec le propos de Novembre; chaque confession semble avoir été récoltée avec délicatesse au fil des pérégrinations des documentaristes à travers la ville.
En capturant les pensées intimes des gens, le film dévoile une palette variée de sujets sociaux, de l’inflation à la performance de genre en passant par l’impact environnemental de la vie humaine sur terre, tout en demeurant ancré dans la singularité des expériences personnelles. Le film de Van Ameringen et Marcoux-Fortier nous montre un Montréal pluriel, empreint d’autant de tristesse que de clarté, évoquant la phrase célèbre de Leonard Cohen : « il y a une fissure en toute chose. C’est ainsi qu’entre la lumière ».
En somme, Novembre est un portrait d’une quête de connexions humaines dans une société en manque de collectivité. C’est un film teinté de compassion qui célèbre la richesse émotionnelle possible lorsqu’on va, cœur ouvert, à la rencontre de l’autre.
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Durée : 1h34
Crédit photos : Les Glaneuses