Muhammad: L’épopée historique terne de Majid Majidi suit le début de la vie de l’homme qui est devenue un prophète. ♥♥

Majid Majidi, premier cinéaste iranien à être nominé pour l’oscar du meilleur film étranger (pour les enfants du ciel en 1997) réalise Muhammad, la production la plus lucrative du pays, de façon maladroite, démodé et beaucoup trop long. Avec un budget d’environ 40 millions, en plus des gros noms derrière les coulisses tels que le directeur photo italien Vittorio Storaro et le compositeur A.R. Rahman, le long métrage de 171 min est la première partie d’une future trilogie. Malheureusement, ça ne vaut pas le détour, le résultat se rapprochant plus du film biblique hollywoodien des années 50s  que de Noah de Darren Aronofsky, ou n’importe quelles autres œuvres antérieures de Majidi.

Un film difficile à suivre pour la communauté non-musulmane

Muhammad a ouvert le Festival des Films du Monde de Montréal le 27 août dernier, un événement où Majidi a auparavant gagné le Grand Prix des Amériques avec Les Enfants Ciel, La couleur du paradis et La pluie.

Limité à la fois par sa portée narrative (le film suit Muhammad à partir de sa naissance jusqu’à l’âge de 12 ans) et l’interdiction religieuse de dévoiler le visage du prophète. Majidi tente d’animer les choses quand l’occasion se présente avec des scènes d’actions, mais force d’admettre que l’action n’est pas la force du cinéaste. Ces scènes clichées, en combinaison avec les effets visuels désuets, ressemblent aux conventions cinématographiques des westerns de second ordre.

Également problématique, du moins pour le public en dehors du Moyen-Orient, est que le spectateur est probablement peu familier avec l’histoire de l’Islam et du coup, peut être plus que désorienté. Compte tenu de la montée fulgurante des annales de l’Islam à travers le monde, il aurait été payant de fournir un contexte pertinent pour que les non-musulmans comprennent les relations entre les personnages historiques, comment les Hachémites retracent la tribu Quraish et qui idolâtraient quoi et régnaient à quel endroit et à quelle période. En ce moment, la fonction principale du film est que l’Islam, le Judaisme et le christianisme partagent des valeurs et des racines similaires.

Mohammad

La chronologie de Muhammad

La naissance de Muhammad dans la Mecque en l’an 570, suit l’invasion ratée de la ville par le féroce général abyssin Abrahe (Arash Falahat Pishe) et sa puissante armée d’éléphant. De plus, un tourbillon d’oiseaux en imagerie générée par ordinateur repousse les soldats en larguant des roches.

Le grand-père de Muhammad Abdolmotaleb (Alireza Shoja Nouri) est l’aîné du clan des Hachémites, qui fait également partie de la tribu Quraish. Un croyant ferme en un seul Dieu, il est aussi le gardien de la Kaaba, un site de culte et de pèlerinage.

L’iconographie visuelle éculée utilisée pour décrire la naissance de Muhammad à Ameneh (Mina Sadati) ressemble à celle qui accompagne d’habitude la naissance du Christ – le scintillement du ciel étoilé, les lumières éclatantes — sans la crèche bien entendue. Mais l’arrivée de Muhammad provoque le mécontentement chez les Hachémites. Son oncle complice Aboulahab (Mohammad Asgari) et sa femme jalouse, Jamileh (Rana Azadivar), refusent leur bonne d’être la nourrice de l’enfant.

 

Le patriarche pieux Abdolmotaleb, reconnaissant le don du bébé, envoie Muhammad dans le désert sous la surveillance des parents adoptifs Bédouins Hamzeh (Hamidreza) et Halimeh (Sareh Bayat). Avec l’arrivée du bébé, la nature stérile se transforme aussitôt en oasis abondante. Pendant ce temps, les aînés de la communauté juive constatent également les présages entourant la naissance de Muhammad et tentent de le localiser. Pareillement, mais plus tard, un prêtre chrétien voit chez lui les valeurs de Jésus.

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Étant donné qu’il y a une limite aux choses intéressantes que les bébés peuvent faire, l’histoire commence à s’animer lorsque Muhammad à l’âge de 6 ans (entouré de son aura lumineux) brise les idoles païennes et guérit Hamileh. La rumeur de ses pouvoirs se propage et devient une cible pour être kidnappé. Montant rapidement à travers la scène pittoresque, Hamzeh réunit Muhammad avec Ameneh, mais meurt durant leurs voyages ensemble. Abdolmotaleb prend le relais du gardien et du professeur, et nomme Aboutaleb pour qu’il s’occupe de lui avant qu’il meure à son tour.

 

Bien que jeune, Muhammad travaille en tant que marchand ambulant avec Aboutaleb et développe une réputation pour ses bonnes actions. Il démontre également une sympathie prononcée pour les pauvres. Sa compassion est exprimée dans sa forme la plus spectaculaire lorsque lui et Aboutaleb arrivent dans une ville côtière appauvrie, Muhammad ne sauve pas seulement les âmes misérables désignées en tant que sacrifice humain, mais invoque aussi un raz de marré rempli de poissons pour les villageois affamés.

 

Un film qui ne reflète pas la filmographie de Majidi

Quoique plusieurs des œuvres antérieures de Majidi traitent d’une pureté spirituelle qui vient avec l’amour altruiste et livre un religieux enchantement de toutes sortes, Muhammad est gênant, accablé par l’épaisseur de son sujet. Et ça n’aide pas que les personnages demeurent des cartons découpés sans quelconque émotion. Les interprètes soient exagèrent leurs gestes soient semblent mal à l’aise. Alors que le grand Storaro compose des vues magnifiques dans le désert, le film semble crier pour le Cinémascope à la place. En outre, ni sa lentille, ni la bande sonore de Rahman ne semblent organiques à l’histoire ou même le décor; plutôt, elles paraissent hâbleuses et sont perçues comme des additions purement commerciales. La pire contribution technique est sans aucun doute le montage lourd et déroutant, qui semble ne montrer aucune compréhension intrinsèque des personnages et leurs relations.

Auteur: Justin Charbonneau

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