Le retour de Michael Winterbottom en grande forme ♥♥♥½
Londres, 1958, Paul Raymond ouvre le « Raymond Revue Bar », théâtre et club privé où apparaissent des femmes dénudées au grand dam de l’Angleterre conservatrice. Producteur de revues dansantes, il devient éditeur de « Men Only », magazine pour adulte qui connaît un succès instantané. Roi de Soho, il acquiert un à un les immeubles du quartier, jusqu’à devenir l’homme le plus riche du Royaume en 1992. S’il mène sa carrière avec brio, sa vie personnelle n’est pas en reste: Paul Raymond est partagé entre Jean, sa femme jalouse, Fiona, sa maîtresse et star de sa revue, et sa fille Debbie qui aimerait suivre les traces de son père.
Il y a de cela 17 ans, Michael Winterbottom faisait des débuts remarqués en adaptant la nouvelle « Jude l’obscure » de…. aujourd’hui véritable classique européen des années 90 et qui lui valut sa première participation à Cannes. Après bien des films plus ou moins exposés, il nous revient en 2013 avec l’adaptation cinématographique de la vie de Paul Raymond, parfait inconnu ailleurs qu’au Royaume-Uni et une sorte de Larry Flint anglais…
Outre le montage plutôt génialissime (on rappelle que c’est le premier métier de Winterbottom), le film, s’il n’a pas d’intrigue réelle (un des inconvénients des biopics) impressionne par son sens aigu de la filmographie. Essentiellement ici les femmes sont à la fois objet de désir et surtout femmes de tête indispensables aux relations.
Elles ont beau donner une impression vénale de potiche, elles savent ce qu’elles font, ce qu’elles veulent et Winterbottom semble se donner pour mission de les sublimer dans une mise en scène des plus intéressantes : Fiona, Jean, et même sa fille Debbie sont tour à tour magnifiées face à cet homme à quoi rien ne fait peur…
Certes cela utilise beaucoup des artifices de la direction artistique et de la post-production…Mais on passe un très très bon moment !