Inside Llewyn Davis [Être Llewyn Davis]

Joel Coen et Ethan Coen, au sommet de leur art, nous livrent un film parfait: Inside Llewyn Davis, Grand Prix au dernier festival de Cannes – ♥♥♥♥♥

Inside_Llewyn_Davis_afficheOn avait connu Oscar Isaac il y a quelques années dans le film de Catherine Hardwicke sur la Nativité, il y incarnait Joseph. Puis chez Ridley Scott, chez Steven Soderberg, mais cette année, il explose, il est littéralement transcendant dans le nouveau né des frère Coen.

Il y incarne Llywen Davis, un beautiful losers comme seuls les Coen savent les créer, un décédant assez direct d’un Barton Fink. Il chante, dans les bars du Greenwich Village à l’âge d’or de la scène folk du tournant des ’60, il est un mélange de Ramblin’ Jack Elliott et Dave Van Ronk deux figures mythiques de cette période (la pochette du disque Llywen est identique à celle de Inside Dave Van Ronk).

Llywen couche avec Jean Berkey, la femme de Jim Berkey, un duo chantant qui forme occasionnellement un trio avec Troy Nelson, (un trio proche de ce qu’était Peter, Paul and Mary). Parmi les aspirations artistiques de Llywen, il y a celle de se produire au célèvre Gate of Horn de Chigaco. Il fera le voyage de New York vers Chigaco en co-voiturage avec un étrange jazzman, Roland Turner (retour du fidèle John Goodman dans l’univers des frères Coen).

Le film se construit comme une chanson, avec ses refrains répétitifs (les scènes avec le chat ou celles des réveils dans l’appartement des Gorfein, ce n’est pas chose déviante de créer un running-gag au cinéma, pourtant les Coen y parviennent avec brio) et ces couplets qui font un peu avancer l’histoire, par tableaux.

Les Coen sont techniquement à leur meilleur, prennent le temps de tout bien mettre en place. Juste l’ouverture du film en dit long, Oscar Isaac assis sur une chaise, face au public, chante seul sur scène un chanson dans son entièreté (rares sont les films de la sorte qui laissent le temps aux chansons d’être entendues dans leur complétude). Toute la solitude, l’exclusion de l’interprète est palpable, dès ses premiers plans.

Llewyn est un inadapté social, tout au long du film, il croise la route du pléiade de rôle secondaire, tous plus colorés les uns que les autres. Pourtant, aucun ne semble avoir une véritable influence sur son parcours, Bud Grossman (personnage calqué sur Albert Grossman, patron du Gate of Horn et impresario des Janis Japlin, Bob Dylan, Paul Peter and Mary et autres Gordon Lighfoot) lui propose de créer un trio chantant avec lui au centre, mais Llewyn, par fidélité artistique refuse. Llewyn, c’est les frères Coen, une conscience artistique et une fidélité sans borne à leur univers, ils sont comme lui, ils créent une œuvre sans concession.

Laurent

**class!K**

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