On pouvait fortement juger du dernier choix du grand Brian De Palma : Réaliser le remake d’un film français n’était pas sur le papier ce qu’il aurait fait de plus innovant…Et pourtant !
Après avoir passé un petit moins de deux heures avec l’un des plus grands metteurs en scène actuel, on se sent privilégié et l’on a tout de suite envie de replonger dans ce duel de femme qu’est le Passion de De Palma. ♥♥♥♥½
L’histoire : Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d’une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l’entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.
Certes, il y a un petit peu de Mullholland Drive dans le décor, la blonde MacAdams (choix pour lequel on pouvait avoir quelques doutes) et la brune Rapace (là aucun doute) et quelque chose de sulfureux dans l’air… Durant les trente première minutes, on se demande à quelle sauce l’on va être mangé … ou plutôt on se dit qu’on est ici devant un énième thriller classique et que les lignes de narration s’avèrent on ne peut plus prévisibles…
Au lieu de cela s’installe, grâce au jeu impeccablement rendu de la brune Rapace, un certain malaise qu’on n’attendait pas…De Palma introduit dans son récit un certain nombre d’ellipses bienvenues qui laissent le spectateur en haleine pendant toute la deuxième partie riche à la fois en rebondissement et en trouvailles scénaristiques intéressantes. Parfois on s’amuse même à penser que l’ombre d’Hitchcok n’est pas bien loin : Les cauchemars s’entremêlent à la réalité, le polar se fond en fantastique…bref, on passe un mauvais quart d’heure !
On s’attendait à un duel sulfureux, Passion est bien plus que ça…En s’emparant au film français Crime d’amour pour en faire un thriller sulfureux, on s’attendait à du prévisible, Passion va bien au-delà… « La lutte de pouvoir entre les personnages féminins m’a intéressé, mais Alain Corneau révèle trop tôt l’identité de l’assassin. Je me suis dit que je pouvais faire mieux », confie le metteur en scène.
Grâce au directeur photo de Pedro Almodovar (José Luis Alcaine) et à la musique de Pino Donaggio, le petit dernier de De Palma, boudé par un certain nombre de pays qui n’ont pas orchestré sa sortie en salle, est un film « retour aux sources » des plus réussis.