The blue hour

Thaïlande, 2015

Note:★★1/2

Une insertion dans le fantastique ratée malgré une beauté plastique indéniable.

The blue hour, c’est l’histoire de Tam, un jeune adolescent homosexuel, qui respire mal, étouffé par un milieu familial et social oppressant. Sa bouffée d’air, il la trouve en hauteur, sur un mur de brique, pour fuir ses camarades de classe qui l’intimident, ou sur les toits, scrutant l’horizon, afin d’oublier les paroles de sa mère qui le rabaisse à la moindre occasion. Un jour, il fait la rencontre sur internet de Phum. Ce dernier va le réconforter par sa présence, malgré un décor plutôt glauque, voire macabre de leur lieu de rencontre: une piscine désaffectée. Peu à peu, les deux garçons se rapprochent et cet endroit, hanté par des fantômes (selon les rumeurs), sera l’occasion pour eux de s’évader et d’exorciser leurs peurs primales.

Il y a plusieurs choses qui séduisent au visionnement du film. Tout d’abord, c’est un point intéressant que soulève le réalisateur sur l’homosexualité, dans la culture thaïlandaise, où le regard de la famille est très difficile à accepter car on la respecte énormément. Malgré certaines idées reçues, il est encore tabou de parler de sexe dans ce pays qui peine à remettre en question des traditions ancrées dans la mémoire collective. Le parti pris d’aborder cette différence sexuelle dans un genre peu commun, celui du fantastique, avait donc tout pour nous séduire. Cela donne lieu à de très belles scènes visuellement, notamment avec les lignes que forment les couloirs de natation, délimitant ainsi la sexualité des personnages à un espace clos. Tam s’apparente à un chat sauvage, traqué comme un animal et pas facile à dompter. Phum sera celui qui le fera respirer de nouveau, en lui apprenant à maîtriser ses peurs sous l’eau. Parfois, même la caméra se cache, comme pour nous signifier qu’on assiste à des moments rares d’intimité, puis le cadrage se resserre sur les visages, au plus près des maux des personnages et de leurs blessures.

Les morts que le héros voient ne sont en fait qu’une représentation de ses fantasmes les plus profonds.

Le réalisateur thaï Anucha Boonyawatana, nous livre avec The blue hour un film sombre et inquiétant toutefois inégal. En effet, la force et la véracité du sujet, empêchent le spectateur de se laisser porter par les éléments surnaturels que le metteur en scène insuffle à son oeuvre. Même les décors minutieusement choisis et les effets sonores ne parviennent pas à créer de tensions. Au final, le film souffre d’un manque de questionnement sur les vrais tenants et aboutissants. Néanmoins, on notera l’audace et l’élégance avec laquelle Boonyawatana traite la sexualité d’un adolescent qui peine à se frayer un chemin vers l’âge adulte.

Durée: 1h37

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