The Assassin – L'(in)action contemplative – ♥♥♥
Chine, IX siècle. Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil. Son éducation a été confiée à une nonne qui l’a initiée aux arts martiaux et lui a donné comme mission d’éliminer les tyrans. A son retour, elle apprend son mariage avorté avec son cousin Tian Ji’an. Fragilisé par les rebellions, l’Empereur a tenté de reprendre le contrôle en s’organisant en régions militaires, mais les gouverneurs essayent désormais de les soustraire à son autorité. Devenu gouverneur de la province de Weibo, Tian Ji’an décide de le défier ouvertement. Alors que Nie Yinniang a pour mission de tuer son cousin, elle lui révèle son identité. Elle va devoir choisir : sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec « l’ordre des Assassins ».
Revenu auréolé du prix de la mise en scène au festival de Cannes, le dernier film d’Hou Hsiao-Hsien arrive avec beaucoup d’attentes et d’interrogations sur les écrans.
On était habitué à un style hypnotique, à un goût pour le souvenir et pour les sensations (Les fleurs de Shanghaï, Millenium mambo, Three times…). Mais The Assassin nous est présenté comme un film d’arts martiaux, genre dans lequel on n’attend pas le réalisateur et avec lequel son style semble a priori peu s’accommoder.
Adapter le genre à son style et non son style à un genre
Et c’est là l’essentiel des reproches que l’on pourrait lui porter: ne vous attendez surtout pas à assister à un film d’art martiaux ou de sabre « classique ». Ici, c’est la longueur et la langueur qui dominent et s’imposent, brièvement interrompues par des saillies d’action. Le réalisateur inaugure le film d’action contemplatif, préférant la mise en scène, le choix du cadrage, des paysages ou de la lumière, plutôt que de faire avancer ou de dynamiser son intrigue. En cela, le prix cannois est amplement mérité et le travail du directeur de la photographie (Ping Bin Lee) est à mettre en valeur, nous transportant littéralement dans les paysages à l’écran.
Une actrice magnifiée
Participant totalement à cette superbe mise en scène, c’est aussi l’actrice principale, magnétique, placide et sauvage, qui retient toute l’attention. On se souvient déjà de Shu Qi dans Millenium Mambo qui l’avait ouvert à un cinéma plus occidental, elle illumine littéralement ici le film, tout en intériorité, en froideur et en bouillonnement intérieur.
En résumé, tout est visuellement superbe, mais tenez vous le pour dit: ce sera un surtout film d’ambiance et très peu un film d’arts martiaux.