En sélection officielle au prestigieux Comic-Con international de San Diego, le premier long métrage documentaire de Saël Lacroix Sur les traces d’Arthur nous dévoile le personnage mystérieux et anticonformiste qu’était André Montpetit surnommé Arthur. ♥♥♥1/2
André Montpetit est passé comme un météore dans le canevas artistique québécois. Dessinateur sans pareil doté d’une imagination exubérante, il anime à la fin des années 1960 l’univers de l’affiche et de la bande dessinée avant de disparaître dans le néant. Si le mythe « Arthur » est bien vivant à l’heure actuelle, un mystère absolu entoure le destin d’André Montpetit, l’homme. Est-il toujours vivant? Dessine-t-il encore? À travers une mosaïque d’œuvres inédites, de séquences animées originales et de témoignages sentis, le cinéaste Saël Lacroix lève le voile sur cette figure emblématique d’une époque, aujourd’hui oubliée de l’histoire. Nous nous retrouvons ainsi sur les traces d’Arthur.
« Nada »
Par l’entremise de nombreux procédés esthétiques justifiés, le cinéaste québécois parvient à donner une nouvelle vie à André Montpetit, une vie qu’il n’a jamais eue et qu’il ne désirait pas non plus. Ce dernier détestait être sous les projecteurs et il le faisait savoir assez clairement à son entourage. Un bon exemple de son caractère typique est lors de l’entretien avec Serge Chapleau, qui l’a bien connu dans le passé, et avant que les deux ne collaborent au magazine Perspectives. Par contre, le caricaturiste de La Presse y a percé brillamment, alors qu’André Montpetit, également surnommé le loup solitaire, a renoncé après seulement quatre numéros.
Un point très important à noter, c’est que tous les gens qui témoignent leur jeunesse mouvementée aux côtés d’André Montpetit ne savent pas où il se cache. Plusieurs questions persistent : est-il encore en vie après toutes ces années de pauvreté et d’autodestruction? Il était méconnu, même auprès de ses amis, malgré son talent indéniable qui aurait pu lui conférer une carrière à l’internationale selon un de ces proches.
Avec une mise scène classique et vertueuse, le réalisateur pose un point de vue qui illumine non seulement l’homme en question, mais également une époque charnière de notre bd nationale. L’emploi des séquences animées est d’une beauté étonnante qu’il est à se demander pourquoi son génie nous est révélé cinquante ans plus tard.
Son mythique tableau intitulé Nada, était l’incarnation symbolique de ce que représentait André Montpetit aux yeux de plusieurs : l’envol vers rien. Heureusement, il y aura toujours des personnes comme Saël Lacroix qui s’intéresseront et partageront les univers prolifiques d’artistes comme Montpetit, un être hors du commun et misanthropique, qui était sans cesse dissimulé dans un abîme sans fin.
Sur les traces d’Arthur est présentement en salle à la Cinémathèque québécoise.