Le Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue est un événement d’envergure qui existe depuis 37 ans maintenant. De plus en plus, les organisateurs font les efforts nécessaires pour avoir des films avant leur sortie en salles et que ceux-ci soient d’origine québécoise. C’est le cas du film d’ouverture L’amour de Marc Bisaillon ainsi que le film gagnant du prix Robert-Claude Bérubé : Happy Face réalisé par Alexandre Franchi.
Cette année, le festival s’est réellement décloisonné de son lieu de rencontre. Les 150 films se sont promenés dans les écoles, les autres salles de cinéma de la région, mais aussi dans les foyers de personnes âgées. Le terrain de l’Abitibi-Témiscamingue est vaste et plusieurs kilomètres séparent les villes. L’idée que les films se promènent permet fortement à la population de profiter du festival à 100 %. La 37e édition était une réussite et je tiens personnellement à féliciter le festival, les bénévoles, les juges et surtout les cinéastes pour ce travail acharné.
Pour la suite, je vous présente Wolfe de Francis Bordeleau.
Un groupe d’amis vivent entre eux l’amitié mélangée à l’amour dans un monde sans adultes. L’un d’entre eux décide de mettre fin à ses jours de manière théâtrale et un peu douteuse. Un suicide oui, mais cela demeure suspect pour le spectateur. Sa mort est le résultat de plusieurs circonstances liées avec les autres membres du groupe. Sans tabou, les amis font une entrevue et parlent de leur façon d’être et leur façon d’analyser le suicide de leur amie.
Avec des acteurs de la relève : Catherine Brunet, Ludivine Reding, Antoine Pilon, Léa Roy, Godefroy Reding et Julianne Côté.
L’histoire est construite comme un documentaire. Les scènes chronologiques de la vie des personnages sont entrecoupées d’entrevues de chaque individu avec la voix de Manuel Tadros qui pose des questions. On apprend de cette façon à connaître leur vision introspective d’eux-mêmes. C’est une façon très unique et originale de faire un film un peu violent puisque le spectateur embarque dans un rythme lent avec des personnages colorés et profonds (grâce aux entrevues). Mais, lorsque l’action débute et que l’intensité monte, nous sommes complètement hypnotisés à en oublier les entretiens (qui disparaissent pendant l’action). Jusqu’au retour à la réalité, les entrevues reviennent et notre respiration aussi. Bref, un scénario au rythme soutenu.
Le film nous présente trois différents tableaux de la vie de ces jeunes. Le premier tableau se passe dans le présent, représentant la vie de tous les jours et la routine intime des jeunes adultes. Le deuxième tableau expose les entrevues. On a le droit à des images léchées, bien cadrées et révélatrices (grâce aux costumes des acteurs). Le troisième tableau, mon préféré, nous emmène dans l’imaginaire émotif des jeunes. À chaque question sérieuse (que ce soit sur le suicide ou l’amour), à chaque révélation grave et après le suicide de leur amie, les jeunes se retrouvent dans un monde sans décor, mais baigné de lumière. Une lumière qui éclaire trop, qui éclaire peu, leurs corps dansant et déformés. C’est comme une personnification de leurs âmes tourmentées.
La fin: perçante et divine. On comprend complètement le sens du titre du film.
Irais-je le voir deux fois? Je suis allée voir ce film avec mes grands-parents qui ne comprenaient pas que des jeunes de 20 ans soient encore dans le doute et le questionnement après l’adolescence. Alors, je retournerais le voir avec des gens plus jeunes, seulement pour connaître leur opinion. Je n’irais pas le revoir seule.
Durée: 1h32