États-Unis, 2019
Note : ★★★ ½
Qui n’a jamais chanté Let it go à tue-tête lance la première pierre. La douce mélodie d’Idina Menzel a sans aucun doute bercé les fins de session de milliers d’étudiants et hanté les chaumières condamnées à entendre des versions live par des enfants à l’oreille musicale inexistante.
En 2013 sortait le film qui marqua une génération entière. Depuis six ans, la folie de Frozen n’a pas diminué et rares sont les films d’animation aux reins assez solides pour accoter l’œuvre de glace. Il va sans dire que la pression était au rendez-vous pour la suite, Frozen II. Est-ce que le défi a été relevé ? Sans l’ombre d’un doute, mais se retrouvera-t-il aux côtés de son prédécesseur sur l’étagère des classiques de Disney ? Rien n’est moins sûr.
Dans ce second volet au visuel toujours aussi impressionnant, nous retrouvons les quatre protagonistes principaux : Elsa (Idina Menzel), Anna (Kristen Bell), Olaf (Josh Gad) et Kristoff (Jonathan Groff) aux prises avec le passé tumultueux des parents des sœurs, maintenant inséparables, qui menace tout le royaume d’Arendelle. Ne vous inquiétez pas, Sven, le fameux chien-renne, accompagne toujours le charmant Kristoff qui tentera cette fois-ci de demander la main d’Anna.
Gros programme.
Sujets sensibles pour public non-averti
Bien qu’il s’agisse d’un film ayant pour public cible une clientèle jeunesse (jeune de cœur ça compte pareil), l’œuvre aborde avec brio des sujets plutôt difficiles comme le deuil, le concept du vieillissement et du changement. Ces thématiques seront habilement explorées par l’attachant Olaf dont l’humour, presque toujours de bon goût, continuera d’agréablement nous surprendre.
Frozen II prend également une tangente plutôt environnementale qui lui sied aussi bien que toutes les tenues d’Elsa (à noter qu’elle portera le pantalon, c’est excitant). Le peuple de la nature et le monde civilisé s’affronteront donc sous des formes plutôt originales malgré un concept largement déjà exploité. La trame narrative assez prévisible n’a cependant empêché personne dans la salle du Quartier latin de verser toutes les larmes de leur corps aux moments clés de l’œuvre à la fine réalisation signée encore une fois par Jennifer Lee et Chris Buck.
You go girls!
L’incroyable réception de Frozen était aussi en partie grâce aux deux sœurs qui repoussaient enfin les limites de la femme en détresse, feu classique du genre. Dans Frozen II, nous retrouvons ce même esprit rafraîchissant qui souligne profondément que les femmes peuvent être leur propre héroïne. Kristoff se retrouvera encore à la remorque, cette fois-ci complètement laissé derrière pour faire place à Anna et Elsa qui devront tester la limite de leur relation, ainsi que leurs propres limites.
Il nous apparaît clair maintenant que les parents des sœurs en ont échappé quelques-unes ici et là dans la gestion du noyau familial; des secrets, des passés sombres, l’isolement d’Elsa dans sa différence. Assez inquiétant pour un film de Disney.
10/10 pour l’effort musical
C’est sans surprise que nous retrouvons une œuvre placardée de chansons dont le niveau n’est pas gênant, sans être hallucinant. La berceuse de la reine Iduna (Evan Rachel Wood) nous donne envie de nous faire border, bien que les paroles nous révèlent, au fond, l’histoire du film.
Il faut dire que la barre était haute, l’Oscar de la meilleure chanson originale avait été attribué à Let It Go. Cette fois-ci, le public a droit à Into the Unknown. À savoir si ce titre qui manque un peu de «humph» pourra se mesurer à son prédécesseur. Peu probable.
Chose certaine, si la version doublée en français du premier volet s’est avérée être aussi envoûtante que la version originale, ce n’est pas le cas pour cette suite. Malheureusement, le doublage colle beaucoup moins au rythme, laissant les chansons plutôt fades.
Au final, Frozen II réussit à conserver la magie du premier volet et amène tant le sourire que les larmes. Un petit après-midi pas perdu.
**Il est également important de noter que la chanson thème Into the Unknown reprise par Panic! At the Disco est un véritable cauchemar.
Bande-annonce doublée en français (Québec) :
Durée : 1h43