Who is Dayani Cristal ?

« Partir, c’est mourir … un peu … » – ♥♥½

Dans le désert de Sonora, la police des frontières découvre un cadavre masculin en décomposition. En levant son chandail en lambeaux, ils découvrent un tatouage où est marqué « Dayani Cristal ». Gael García Bernal redonne vie à ce John Doe 10-1558, en retraçant les étapes de cet homme le long du sentier des migrants, en Amérique centrale.

Who_is_Dayani_Cristal_portrait

Débutant avec la découverte d’un corps en décomposition par une patrouille de la police des frontières, le film part à la recherche de cet homme, souhaitant rendre son humanité à ce John Doe, mort seul au milieu du désert, à 3 200 kms des siens. Pour rendre la vie à cet invisible, cet illégal, dont la vie est un mystère, Who is Dayani Cristal ? est présenté comme un docu-fiction. À la fois documentaire sur le système administratif de recherche des disparus non identifiés, entre États-Unis et Mexique ; entrevues avec la famille et les amis du disparu, au Honduras et reconstitution du cheminement du migrant depuis le Honduras, jusqu’au désert de Sonora, il s’agit plutôt en fait d’un film triple. Dans la forme comme sur le fond, cela ne fonctionne malheureusement pas. Ce qui pourrait être une plongée dans enquête sur la reconstitution d’une identité (ce qui est le cas, dans les faits), le mystère est assez étrangement dévoilé dès le début du film. Les entrevues avec des officiels (médecin légiste, anthropologue judiciaire, enquêtrice mexicaine sur les personnes disparues…) très formatées, cadrées et assez froides, présentent assez bien les méthodes en place, administratives et scientifiques, pour retrouver des personnes disparues, éviter qu’ils ne restent que des statistiques en croissance exponentielle  et exposent les lacunes du système (l’absence d’une base de donnée sur l’ADN des personnes disparues, partagée internationalement). Les entrevues avec la famille et les amis de la famille, au Honduras, donnent chair au migrant inconnu, avec des effets de style très appuyés (scènes surexposées, ralentis avec fond musical tire-larmes) et quantité de détails superflus nous faisant perdre le propos originel. Gael García Bernal quant à lui refait la route empruntée par le disparu. Très intéressante et véritable plongée dans le quotidien des migrants, entre morceaux de vie et belles scènes de fraternité, risques permanents et rôle ambigu de l’église catholique (près de 50 abris tenus par la confrérie de la route parcourent le chemin, au Mexique, car « les pauvres sont la réserve spirituelle du monde »). Nul besoin cependant de docu-fiction pour cela. Gael García Bernal et Marc Silver ont déjà co-réalisé Les invisibles (Los invisibles) en 2012, série centrée sur le dangereux itinéraire des immigrants latino-américains qui traversent le Mexique dans l’espoir d’atteindre les États-Unis. Avec Who is Dayani Cristal ?, on sent que le thème leur tient à coeur, mais le rendu brouille malheureusement le message : veut-on parler de l’identité retrouvée d’un homme ou parler des drames de l’immigration clandestine à la frontière des États-Unis ?

Réalisateur: Marc Silver, scénariste: Mark Monroe, producteurs exécutifs: Dan Cogan, Lilly Hartley, Jeffrey Tarrant, Jess Search, Teddy Leifer & Marc Silver, producteurs: Lucas Ochoa, Thomas Benski, Gael García Bernal, directeur de la Photographie: Marc Silver, Pau Esteve Birba, compositeur: Leonardo Heiblum, Jacobo Lieberman, acteur : Gael García Bernal, pays : Grande-Bretagne & Mexique, durée : 86 min..

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