Meilleur long métrage de fiction au Festival de film Low East Side, Americana écrit et réalisé par le cinéaste américain Zachary Shedd propose une belle surprise aux amateurs de Fantasia par la puissance de ses images et les performances convaincantes de ses interprètes. ♥♥♥½
Est-ce un meurtre à résoudre ou une introspection de la condition humaine? Dans une mise en scène psychodramatique avec comme toile de fond la ville de San Francisco, Americana est un néo-noir mélancolique et elliptique dans lequel le frère d’une actrice morte fait face à non pas un, mais deux décès qui sont peut-être de sa faute. Les débuts en réalisation doivent gagner le respect sur le circuit d’un festival et le premier film de Shedd accomplit ce pari.
Americana: un suspense qui multiplie les rebondissements
S’étant exilé dans un chalet isolé au milieu de nulle part après un incident de conduite avec des facultés affaiblies qui a laissé un jeune garçon mort, Avery Wells (David Call) est la cible d’une intervention inhabituelle : Caleb (Jack Davenport), le producteur d’un film inachevé mettant en vedette la sœur de Avery, Kate (Kelli Garner), le ramène à la civilisation et l’embauche pour monter son film à gros budget.
Ce qui semble être une occasion pour une rédemption, ou du moins pour une reconnexion avec sa sœur Kate, qui était dans la voiture avec lui lorsque l’enfant a été tué, va bientôt dans le sens inverse: un harceleur qui l’a menacé au téléphone plus tôt tire sur Kate, criant « it’s gonna do great now! » avant de retourner l’arme sur lui-même.
Le « it’s » de la citation est clairement en référence au film, qui a été bouleversé par la tournure des évènements, mais qui va probablement attiré l’attention maintenant que c’est devenu le chant du cygne de Kate. (Ce film-dans-un-film est aussi appelé Americana qui a également été un court-métrage en 2008 par Shedd, mais le titre du film est inexpliqué.) Mais pourquoi le tueur se soucierait-il de son succès? Et Avery profitera-t-il du film, même s’il est tenu responsable de la mort de Kate par ses fans? Un complot semble être relié au film, ainsi qu’à son propre passé…
Crédit photo: FESTIVAL INTERNATIONAL DE FILMS DE FANTASIA
La descente aux enfers
Le scénario de Shedd offre assez d’indices pour que les spectateurs comprennent les choses avant Avery. Par contre, la réalisation et la performance peinée de Call, ne permet pas de nous installer en mode détective. Americana explore plutôt les profondeurs de l’alcoolisme de Avery, un sujet sur lequel presque toutes les conversations tournent au final. Les scènes avec son ex-femme et son fils qu’il n’a plus le droit de voir peuvent se sentir comme des diversions à un moment donné, mais nous dirigent vers ce qui peut être le vrai sujet de l’histoire : le comportement compulsionnel semble égarer la vision d’Avery et en réalité c’est un récit sur la dépendance, la douleur et la recherche souvent futile d’un sens qui assourdit désespérément l’esprit de manière chronique.
La somptueuse direction photo de Justin Foster installe le sentiment de profonde dépression, avec de sublimes vues soulignant efficacement la tristesse et la solitude d’Avery, même lorsqu’il est entouré par des proches.
Voici un thriller dont les images et la trame sonore vous obséderont longtemps, tout comme son intrigue complexe qui est un vent de fraîcheur pour les gens qui désirent se dénicher un film d’auteur qui les surprendra.
*Americana sera présenté le 31 juillet à 21h45 à la salle J.A. De Sève en présence du réalisateur et scénariste Zachary Shedd.
Cette critique a été écrite dans le cadre du Festival International de films de Fantasia.