The Neon Demon [Le démon de néon]: Beauté macabre

Avec The Neon Demon, Nicolas Winding Refn explore un genre qu’il n’avait jusqu’ici jamais abordé: l’horreur. En suivant une jeune ingénue qui entame une carrière de mannequin à Los Angeles, le cinéaste danois dresse un portrait cinglant du monde de la mode tout en y intégrant ses obsessions personnelles. Le récit va alors progressivement glisser vers le macabre jusqu’à une conclusion inéluctablement sanglante.  ♥½

C’est à la suite de diverses expériences comme réalisateur de publicités de mode que commence à émerger dans la tête du cinéaste l’idée de prendre ce cadre bien particulier comme point d’ancrage de son prochain film. Nicolas Winding Refn déclare également avoir été motivé à l’idée de prendre des femmes comme personnages principaux, puisque jusqu’ici ses films étaient uniquement menés par des hommes. L’obsession de la beauté est ici le thème central du récit. En effet, dans The Neon Demon, la beauté est plus qu’un atout, elle est une arme. Jesse, le personnage interprété par Elle Fanning, va alors rapidement faire de l’ombre à ses concurrentes grâce à son physique aussi angélique que dévastateur. L’évolution de son personnage au départ ingénu et innocent à celui d’une prédatrice est le point de basculement du récit vers l’horreur pure.

Toujours référentiel, le cinéma de Nicolas Winding Refn dépasse également souvent le cadre qu’il s’est imposé. En détournant les codes, le cinéaste danois parvient souvent à bouleverser les genres qu’il investit. Révolutionnant aussi bien le film de gangsters avec sa trilogie Pusher que dépoussiérant le film carcéral avec Bronson, Winding Refn sait digérer ses influences et proposer une vision personnelle des genres filmiques. Mais depuis le succès de Drive, son cinéma semble laisser penser qu’il se croit aujourd’hui plus malin que ses influences et le détournement des codes commence à ressembler fortement à de la parodie. Avec The Neon Demon, le cinéaste lorgne aussi bien du côté du cinéma d’horreur italien des années 60-70 que de David Lynch ou encore vers le cinéma plus expérimental de Kenneth Anger. Mais au-delà de ces influences prestigieuses qui donnent au film un parti-pris esthétique sublime, The Neon Demon souffre d’une écriture foncièrement maladroite qui donne lieu à un intrigue prévisible et à des personnages caricaturaux. Le film sonne aussi creux que ses protagonistes et son propos sur l’importance de la beauté dans un monde aussi artificiel que celui de la mode est d’une banalité confondante.

Quant à la dimension horrifique du long-métrage, elle tombe comme un cheveu sur la soupe dans le dernier tiers du film. Ne préparant pas son spectateur aux scènes chocs de la fin, Winding Refn cherche la subversion et ne trouve que la parodie. Le troisième acte est ainsi foncièrement embarrassant et anéantit le peu de crédibilité qu’avait le film jusque là. C’est à se demander si le succès qu’a connu le cinéaste avec Drive n’est finalement pas la pire chose qui lui soit arrivée. A force d’être tiraillé entre le besoin de reconnaissance et le refus d’être un réalisateur commercial, Nicolas Winding Refn nous livre aujourd’hui les oeuvres les plus bancales de sa carrière. Il est à espérer que le réalisateur revienne à un cinéma plus brut et moins esthétisant, un cinéma regorgeant d’émotions loin du vide et de l’artificialité des personnages de The Neon Demon.

 

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