Before Sunrise (États-Unis, Autriche, Suisse, 1995)
Note: ★★★★★
Before Sunset (États-Unis, France, 2004)
Note: ★★★★ ½
Before Midnight (États-Unis, Grèce, 2013)
Note: ★★★★ ½
Boyhood (États-Unis, 2016)
Note: ★★★★
Richard Linklater est le réalisateur derrière Dazed and Confused (1993) la Before Trilogy (1995 – 2013), Waking Life (2001) et Boyhood (2016). Il montre rapidement une fascination pour les périodes transitoires et charnières de l’existence, la fugacité de l’instant et le passage du temps. Cela se manifeste à travers son intérêt pour les récits condensés avec un effet de temps réel, une importance des temps morts et les échanges humains. Également derrière des œuvres plus « commerciales », telles que School of Rock (2003), Linklater est considéré comme un cinéaste versatile qui parvient à se réaliser à la fois sur la scène indépendante et populaire.
La Before Trilogy
Before Sunrise, premier opus d’une trilogie, donne à voir la rencontre fugace entre Jesse (Ethan Hawk) et Céline (Julie Delpy), un Américain et une Parisienne, dans un train à Vienne. Comme le vol de Jesse pour rentrer aux États-Unis est prévu pour le lendemain, Céline et lui choisissent de descendre du train et de prolonger leur conversation en passant le reste de la journée et la nuit en ville. Le film suit leurs déambulations, leurs conversations métaphysiques et existentielles ainsi que leur rapprochement, jusqu’à la séparation où ils décident de se retrouver au même endroit dans six mois. Alors que Before Sunrise a été tourné en 1995, le second opus, Before Sunset arrive en 2004. L’histoire retrouve les personnages neuf ans plus tard, à Paris cette fois, alors qu’ils n’ont que trop peu de temps pour rattraper les années perdues. Le même temps s’écoule dans le réel et dans la fiction. Ainsi, les acteurs mûrissent au rythme de leurs personnages et peuvent les incarner d’une façon toujours plus réaliste. Il en sera de même pour Before Midnight, sorti en 2013, le film se déroule neuf ans après Before Sunset, soit 18 ans après le Before Sunrise, mettant encore en adéquation le temps de l’histoire et le temps réel dans une œuvre où les personnages se lancent dans une réflexion existentielle et rétrospective lors d’un passage en Grèce.
Comme Linklater en discute dans une entrevue avec l’acteur Ethan Hawke et le critique Kent Jones, la Before Trilogy est le résultat d’une co-écriture aux échos autobiographiques entre le réalisateur et ses acteurs. Plutôt que de donner à ses comédiens des directives précises, le cinéaste leur offre des lignes directrices et un espace de jeu. Les acteurs ont ainsi une certaine latitude pour investir davantage leurs personnages. Cela dit, le dispositif filmique doit également se conjuguer pour donner bonne séance à cette approche. Une esthétique de la longueur est mise en place en minimisant le découpage de l’espace, favorisant ainsi le mouvement de caméra et les cadres larges pour donner de la place aux personnages dans des plans séquences qui peuvent parfois contenir une discussion entière. Artiste de la durée, Linklater dilate l’instant et rend palpable sa longueur.
Boyhood
Alors que le film en prises de vues réelles construit sa diégèse à partir de fragments du vrai monde, le médium devient malgré lui historien. Il est ici question de la conservation du monde tangible par le dispositif filmique, à travers les tendances vestimentaires, les visages familiers du star system, l’architecture, les voitures et les modes décoratives, voire même la technologie employée. Mais c’est également le sentiment du passage du temps qui se voit cristallisé dans le défilement des images.
Boyhood relate la vie de Mason (Ellar Coltrane), un jeune garçon, de ses 6 à 18 ans. Le long-métrage se passe de trouver différents acteurs pour représenter la croissance du personnage. Le tournage du film s’étalera plutôt sur une période de douze ans, plaçant le temps de la fiction et le temps réel, une fois de plus, côte à côte. Cette méthode préconisée par le cinéaste ne fait qu’amplifier et souligner le sentiment du passage du temps. Outre le vieillissement du jeune garçon, de sa sœur (Lorelei Linklater) et de ses parents divorcés (Ethan Hawke et Patricia Arquette), le film traverse une multitude de référents populaires tels que la chanson « Oops… I did it again » de Britney Spears (2004), l’élection d’Obama de 2008, en passant par Sailor Moon, Dragon Ball, Spiderman 2 de Sam Raimi, la sortie du roman Harry Potter… C’est une partie de l’évolution sociohistorique et culturelle des États-Unis qui se voit emportée dans la téléscopie temporelle de Boyhood.
La témérité du temps
Alors que dans la Before Trilogy, le temps passe entre les films, cet effet est condensé dans Boyhood : le temps s’écoule entre chaque cut. Cela permet une rencontre des plus directes entre la frénésie du passage du temps qui échappe à notre contrôle et la dilatation de l’instant présent qui se perd dans la durée ainsi que les banalités du quotidien de la vie d’un jeune garçon : famille recomposée, conflits avec sa sœur, le fait de jouer aux jeux vidéo ou d’aller dehors avec ses amis, sortir avec l’un ou l’autre de ses parents, etc. Les événements plus importants tendent à se dérouler à l’insu du dispositif filmique, pour n’en laisser que des échos dans ce que le film donne à voir.
Comme le dirait Dédé Fortin : « la vie c’est court, mais c’est long des p’tits boutes. » Le cinéma de Richard Linklater devient le théâtre de la rencontre entre le passage frénétique et incontrôlable du temps et la dilatation de l’instant présent. Dans Before Sunrise, une esthétique de la durée laisse la latitude aux acteurs d’explorer l’instant et de s’investir intimement dans leurs personnages. Un compromis avec un récit qui s’échappe dans l’étendue de l’instant, puis qui, par la suite, fait ressentir le poids des années. Ce paradoxe se manifeste également dans Boyhood à travers la tension entre la déambulation des instants présents et l’évolution entre les différentes strates qui cristallisent avec elles l’évolution du contexte socioculturel et historique, faisant ressentir au spectateur, le passage subtil du temps.
Ces œuvres ne sont pas des plus dynamiques, mais trouvent le moyen de devenir captivantes autrement. Il en émane un certain charme qui capte l’attention du spectateur qui se laisse bercer par les flâneries des personnages, qui s’implique de manière métaphysique à leurs discussions existentielles, qui se laisse séduire par les liens qui se créent et qui s’emporte aux souvenirs des âges.
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