Mon roi ou comment se créer soi-même son propre malheur. Retour à la réalisation pour Maïwenn, maman du multi-primé Polisse. Histoire d’amour ou déchirements destructeurs ? ♥♥♥♥
Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …
Elle avait toujours dit qu’elle ne saurait pas comment filmer une histoire d’amour sans avoir l’impression de tomber dans le ridicule ou le pathos. C’est désormais chose faite pour Maïwenn avec son quatrième long métrage, Mon roi, présenté pour la toute première fois à Cannes où le film remporta le prix d’interprétation féminine. Après l’insouciant et déjà culte Pardonnez-moi, la comédie tordante Le bal des Actrices et le nécessaire Polisse, place à la destruction amoureuse !
Qui a déjà vécu une passion amoureuse se retrouvera sans doute dans Mon Roi… une addiction telle qu’on est capable d’accepter bien des choses, trop bien entendu, pour rester sain d’esprit. Pour Tony interprété par Emmanuelle Bercot (qui ne voulait pas du rôle au départ), à partir du moment pour Giorgio s’intéresse à elle et la valorise, plus rien ne compte que leur relation. Contrairement à bien des comédies sentimentales, Maïwenn film les prémisses d’une manière simple, aérée, drôle…naturelle en quelque-sorte; ce qui ne semble pas avoir été une mince affaire : Tout ce que j’écrivais était mièvre. Il fallait pourtant qu’on y croie : comment comprendre autrement qu’ils reviennent sans arrêt l’un vers l’autre, décrire leurs névroses et leurs conflits si l’on n’est pas convaincu de leur amour ? »
Dès les premières minute d’ailleurs, le montage alternant passé et présent est intelligent et permet de mieux s’intéresser à un sujet somme toute déjà beaucoup traité au cinéma. « Cette structure narrative permettait à Tony d’avoir un double regard sur elle et Giorgio en revisitant des moments de leur histoire. Et c’était l’occasion pour elle de se reconstruire. dit Maïween dans le dossier de presse
Bien entendu, le film fonctionne avant tout sur ses acteurs et si Bercot obtient le prix d’interprétation à Cannes, c’est plutôt une révélation car comme toujours, c’est Vincent Cassel qui crève l’écran et est parfait en héro masculin dominant. Sa participation semble d’ailleurs parfois laissée trop libre mais c’est pour combler certaines scènes de rien…non moins nécessaires au film.
Les deux composent un couple parfait, lui héritant d’une matière importante en termes de composition de personnage et elle, sosie d’une Nathalie Baye jeune, interprétant sans doute les réactions d’une Maïwenn jeune et docile.
Le film impose le point de vue de la femme, forcement…sauf peut-être dans la dernière demi-heure, lorsque l’animal blessé se rebelle enfin… jusqu’à cette dernière scène superbe et qui ouvre de nombreuses perspectives.
Mon roi est un film qui soulève bien de questions, de débats…Giorgio est-il vraiment mauvais ? Est-il vraiment le fautif de l’histoire ? Et faut-il vraiment rejeter la faute sur quelqu’un en particulier ? Comme il le dit si bien lors de l’une des dernières scènes du film : « On se sépare de quelqu’un pour la même raison pour laquelle on est tombé amoureux de lui ».
Faut-il apprendre à composer avec ses névroses alors ?