Un Retour triomphale pour Takashi Miike. ♥♥♥½
Avouons-le d’emblée, Takashi Miike n’était plus l’ombre du réalisateur qu’il a déjà été depuis quelques années. En effet, en plus d’avoir considérablement réduit sa production annuelle de films auparavant titaniseque, les films troublants et pertinents qu’étaient les Audition, Ichi the Killer, ou Gozu semblait bien loin alors que les plaisirs jouissifs des Full Metal Yakuza, Visitor Q ou Happiness of the Katakuris semblaient enterrés à jamais. Toutefois, tout ceci a maintenant changé avec son dernier film, The Mole Song – Undercover Agent Reiji, qui marque son retour triomphal au film de yakuza et à la comédie d’action violente complètement disjonctée.
Au moment où l’agent Reiji Kikukawa se fait retirer son badge et son arme pour cause d’incompétence, il est bien le seul surpris. Détenant un lourd dossier regorgeant de plaintes pour voyeurisme, son supérieur décide de le renvoyer des forces policières… pour en faire secrètement un agent double. Sa mission : infiltrer Sukiya-kai, le plus puissant clan de yakuzas du Japon, afin de mettre son chef sous les verrous et d’enrayer le trafic de drogue qui pourrit la nation. Après un entraînement étrange, mais rigoureux impliquant entre autres une ballade à moitié nu attaché sur le capot d’une voiture, Reiji est fin prêt à assumer son rôle de taupe. Il effectue une entrée pour le moins fracassante au sein du crime organisé, ce qui lui vaut la sympathie du violent Hiura, alias Crazy Papillon, un puissant yakuza affilié à Sukiya-kai. L’inconscience, voire la stupidité de Reiji lui attire étrangement un certain respect et il gravit rapidement les échelons de la pègre, mais il se démarque aussi par sa propension à se faire des ennemis influents au sein du clan rival. Bientôt, il se retrouvera pris à la fois dans une sanglante guerre de gangs et dans une lutte de pouvoir au sein même de son organisation.
Le suspense bien mener et monter en épingle, les gags qui font toujours mouches (les réactions typiques du public de Fantasia ne mentaient pas) et l’idiosyncrasie des personnages en font une très belle réussite. Des personnages toujours iconoclastes, à la limite du possible dans un monde qui l’est tout autant, voilà la ligne où préfère toujours jouer Takashi Miike et qu’il se réapproprie ici à merveille. Se moquant allégrement des rituels et codes sociaux japonais et mafieux, Miike danse allégrement autour de la ligne du ridicule sans jamais la franchir comme il a pu le faire plus souvent qu’à son tour dans le passé. Si nous ne sommes pas devant un film à la hauteur des plus grands succès de Miike, celui-ci rejoint néamoins admirablement les oeuvres les plus efficaces du réalisateur et on ne peut que se réjouir s’il indique la direction que son cinéma prendra à l’avenir.
IL RENTRE DANS MON TOP 5 CE FILM DEJANTE.PEACE