Pourquoi vouloir adapter Ovide au cinéma? Christophe Honoré essaie avec Métamorphoses et échoue. ♥♥
L’idée de départ est celle-ci, prendre le récit d’Ovide, en titrer les grandes lignes dramatiques et les adapter légèrement pour les situer dans une époque contemporaine. Ovide avait déjà circoncis dans un récit relativement clair une série d’événements qui liaient dieux et mortels, Honoré rend les choses confuses et sans lien qui les unit.
Ovide, c’est plus que des actions qui se succèdent, c’est un texte poétique en soit, la langue d’Ovide est plus important que les relations, souvent amoureuses, des dieux et des mortels. Honoré n’en retient que les actions, que les événements et laisse tomber la poésie. En fait, il essaie de créer sa propre poésie, fait de plans de la nature, de jolis corps et de cours d’eau, il réussit à créer une ambiance bucolique, qui rappelle, dans ces beaux moments, Les Amours d’Astrée et de Céladon d’Éric Rohmer, mais qui rappelle aussi dans ses pires scènes les plus confuses, La Belle Endormie de Catherine Breillat.
Son Jupiter, Sébastien Hirel, est splendide, le reste de la distribution est moins mémorable. (Julien Antonini par exemple , qui incarne Hermaphrodite, est ridicule, très loin de la représentation habituelle du personnage, il est carré, bâti, n’a rien d’efféminé, lorsqu’il fusionne avec Salmacis, il n’a que des seins en plus, rien ne fait croire a une fusion complète des deux êtres).
Dans les scènes d’«actions» plus standard, le film fonctionne relativement décemment, les errances de Jupiter ou la séquence de Bacchus avec les Minyades. Mais le film perd de sa crédibilité dans les scènes surnaturelles, la fusion d’Hermaphrodite et Salmacis entre autres.
Le film vaut uniquement pour le courage d’Honoré à s’attaquer à un tel monument de la littérature. Il vaut également pour les quelques scènes plutôt réussies. Outre cela, passez votre route, il n’y a pas grand-chose ici.
