Brûlot du cinéma québécois des années soixante-dix, Parlez-nous d’amour reste toujours aussi pertinent presque 40 ans après sa création.
Dès l’ouverture du film, Jean-Claude Lord met les choses en place, il avertit le spectateur que ce qu’il va voir est inspiré de faits vécus et non issus de l’imagination des deux scénaristes. Le film met en scène Jacques «BouBou» Boulanger, à l’époque où il anime l’émission Allo BouBou, dans le rôle de Jeannot, un animateur d’une émission de télévision du même type que l’était Allo Boubou. De jeunes «chanteuses prometteuses» sont interprétées dans Anne Létourneau, Nicole Cloutier et Véronique Béliveau, trois jeunes chanteuses prometteuses de l’époque du film. Les liens entre fiction et réel sont plus évidents.
Jeannot est laissé de son émission. Devant la caméra, il fait des mamours à ses nombreuses admiratrices, mais dans les coulisses, il couche avec les plus jolies d’entre elles et méprise les autres. Le film le suit dans ses errances, tout en dressant un portrait sans merci pour le milieu du «show-business». On le suit dans un studio d’enregistrement au côté de producteur de disque qui semble plus intéresse à faire des cunnilingus à ses jeunes protèges que de produits des disques, avec son agent qui négocie des contrats qui sont surtout avantageux pour lui-même. Tous les paliers «business» qui atour Jeannot en prennent pour leur rhume, jusqu’à son ami qui lui joue dans le dos pour lui prendre sa place.
Le scénario signé Jean-Claude Lord et Michel Tremblay ne fait pas dans la subtilité, tout est gros. Mais si on écoute des talk-shows pour public féminin de cette époque, ils ne font pas non plus dans la subtilité, le film est donc à l’image de ce qu’il dépeint. Le dialogue transparent la dramaturgie de Michel Tremblay, la serveuse du restaurant où Jeannot et son équipe se rassemblent après les enregistrements semble sorti de son univers.
La mise en scène de Lord ne fait pas de la demi-mesure, c’est clinquant, il réussit tout de même à bien mettre évidemment la personnalité publique et privée de son personnage. Il réussit à capter une époque, une personne, qui quarante plus tard trouverait encore des échos dans le monde médiatique contemporain.