La Terre et l’ombre, si magnifique soit-il, est malheureusement cruellement sous influences…♥♥
Dès les premiers plans de La Terre et l’Ombre, nous remarquons les images; belles, magnifiquement photographiées et somptueusement mises en scène par la caméra mobile de César Acevedo. Lauréat de la Caméra d’or remis au meilleur premier film lors du dernier Festival de Cannes, Acevedo, fait preuve d’une admirable maitrise du matériel cinéma dans sa mise en scène, et ce, malgré son peu d’expérience. Clairement, il a étudié en détail le cinéma pour en venir à produire une œuvre à ce point aboutit techniquement, ce qui pose toutefois rapidement problème comme nous le verrons.
La terre et l’ombre raconte l’histoire d’un homme qui revient à la résidence familiale, qu’il avait quitté il y a une quinzaine d’année, pour être au chevet de son fils très malade. Les relations tendues avec son ex-femme, couplées avec celles plus tendres avec son petit fils et tous les autres membres de la famille, seront entremêlées de troubles sociaux plus forts alors que les ouvriers agricoles manifesteront parallèlement leur mécontentement suite au manque de salaire pour leur travail sur la terre.
Un cinéaste sous influences
Comme nous l’effleurions toutefois, une fois l’émerveillement du tape-à-l’oeil des images passé, nous restons perplexe face à ce qui se déroule sous nos yeux. La mise en scène, si réussie et maitrisée soit-elle, est cruellement sous influence, du plans fixe du personnage principal avançant sur la route au début du film au plan fixe de la femme de la maison assise sur un banc à la fin. . Acevedo a malheureusement la malédiction de ces cinéastes qui en viennent au cinéma après avoir vu et analysé beaucoup trop de films. Si certains en viennent à offrir néanmoins une œuvre originale et intéressante, Acevedo ne réussi à dépasser le cadre de sa mise en scène avec un propos qui n’est rien de plus qu’un drame familial des plus classique et sans grande impulsion.
Nous pensons à Wenders, pour ce moustachu hirsute réapparaissant au sein de sa famille, à Tarr our Reygadas pour ces plans longs et langoureux en mouvement… Entre l’approche réaliste et contemplative pour un drame de cet acabit, Acevedo prend le pari de la seconde. Si le mariage entre le propos et la mise en scène est somme toute de bon ton, le mélange des genres est toutefois, avec les brèves incartades sociales impliquant les ouvriers, plutôt mal amené. Il semble davantage témoigner d’un manque de profondeur de la part du metteur en scène ou encore de la crainte de manquer de souffle avant la fin du film. Plutôt que d’élargir son propos en lui donnant une nouvelle dimension, ces apartés ne viennent malheureusement que confirmer nos craintes sur le manque de vision du cinéaste qui ne nous quitteront plus jusqu’à la fin.