Nouveau long métrage d’Onur Karaman autour de la quête identitaire, là où Atilla passe regorge de promesses ♥♥½
Atilla, un jeune homme reclus d’origine turque adopté par Michel et Julie, un couple québécois, se réconcilie avec ses origines et son passé grâce à la rencontre avec Asya, une étudiante turque de passage au Québec.
Enjeu identitaire et recherche de ses racines : Des thèmes qui plaisent bien à Onur Karaman qui nous avait livré il y a quelques années La ferme des humains. Ce dernier, par ailleurs émigrant au Québec depuis maintenant quelques années, transpose sur grand écran une problématique qu’on devine très personnelle et sans doute autobiographique.
Si la photo est belle et le cadre toujours très soigné, le long métrage n’est jamais vraiment captivant. Face aux questionnements (implicites) du jeune héros, les choix de mise en scène ne semblent jamais vraiment aller de l’avant. Pourtant, il y a cette césure en milieu de film qui vient comme bonifier le film; A partir de ce moment, on se dit : « Tiens, nous allons passer un nouveau cap, le puzzle se met en place »…et puis pas vraiment. Le réalisateur intègre çà et là des patchwork de photos de l’ensemble des personnages tels des tranches de vie mais par trop grande retenue, sans doute excès de pudeur, le film peine à venir chercher le spectateur. Onur Karaman n’éprouve toutefois aucune difficulté à expliquer ses choix (notamment au niveau du montage) : « Julie (la mère adoptive), qui vit un débordement d’émotions contradictoires depuis sa fausse couche et l’adoption d’Atilla, se sent isolée dans sa propre famille. Raymond, le grand-père, est abandonné dans une résidence pour personnes âgées. Michel qui n’a jamais fait ses propres choix, a toujours été aspiré par la vie. Il se retrouve seul lorsque sa femme part » .
Autant d’idées de scénario qui, sur le papier, sont de gros points positifs… mais qui peinent malheureusement à exister dans le produit final.
C’est fort dommage d’autant que le réalisateur semble avoir appris de ses erreurs de La ferme des humains qui usaient trop de technique. Ici, il semble hésiter entre un film tantôt flamboyant (à l’image de la césure évoquée précédemment) tantôt naturaliste (ce que le Québec ne propose pas vraiment). Un chapitrage plus rythmé au son de la superbe musique aurait sans doute aidé le film à trouver sa marque.
Là où Atilla passe est un film d’auteur méritant mais incomplet
Si Emile Schneider tient assez facilement le premier rôle, les caractéristiques de son personnage restent toutefois assez (trop ?) antipathiques pour véritablement éprouver de l’empathie. La relation qu’il noue avec son père devient neutre à défaut d’être charmante (on pourrait très aisément rapprocher cette relation de celle que noue Antoine L’Ecuyer avec Roy Dupuis dans Le bruit des arbres)
C’est fort dommage, car on sentait dans l’équipe (surtout technique), une volonté de bien faire que cela soit au niveau visuel mais également de la musique qui accompagne le film et lui donne une certaine saveur. Il s’appréciera donc visuellement … mais laissera aussi une petite note amer pour un cinéaste qui disposait de toutes les cartes dans ses mains.