Hacker [Blackhat]

Un suspense efficace de Michael Mann, qui ne se hisse pas toutefois à la hauteur de ses meilleures œuvres. ♥♥♥

Michael Mann est un cinéaste très fascinant. À l’origine de plusieurs films hollywoodiens marquants (Thief, Heat, Miami Vice), il est l’exemple même du cinéaste qui fonctionne à l’intérieur de la grosse machine hollywoodienne, mais qui produit des films qui portent néanmoins la marque d’un auteur. À la manière des cinéastes autrefois louangés par les cahiers, toute critique ou analyse de ses films passe indubitablement par l’analyse du corpus du cinéaste. Sa dernière offrande au cinéma datant de 6 ans (le fort intéressant Public Enemies en 2009), on attendait Blackhat de pied ferme.

Le synopsis de ce suspense à l’ère 2.0 est fort simple : la CIA (dont Viola Davis, excellente) et les services secrets chinois doivent s’unir afin de contrer un groupe de cybercriminels qui frappe de Chicago à Jakarta. Pour se faire, ils s’adjoindront les services d’un détenu autrefois ami de l’agent des services secrets chinois qui a contribué à développer la première version du code utiliser pour l’attaque.

Blackhat est définitivement un suspense de son temps, qui utilise bien le terrorisme informatique dans le monde contemporain (même s’il rappelle par moment l’autrement oubliable Opération Swordfish sorti il y a pratiquement 15 ans). Le film aborde plusieurs thématiques pertinentes (le cas du droit d’auteur en 2015, la notion égalité/moralité dans les attaques informatiques asymétriques, etc.) et aborde les problématiques de front. Tout n’est pas noir ou blanc, mais se joue dans les nuances; autant chez les personnages que dans leurs actions.

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Tout est permis pour accumuler de l’argent; le film illustre bien ce que le terrorisme économique et informatique pourrait devenir. Afin d’arriver à ses fins, les terroristes n’hésitent pas à s’attaquer à l’intégrité physique et matérielle des individus et des sociétés. Il ne s’agit plus d’attaque dans l’économie financière ou les services internet, mais de frappes dans le monde réel. Leur illustration est autant frappante qu’inquiétante et bien de son temps. Le style formaliste et flamboyant de Mann sert comme toujours la progression dramatique du récit qui chemine avec une précision chirurgicale au grand plaisir du spectateur.

Le film se perd néanmoins dans le dernier quart avec une succession de scènes sans grand réalisme où les fusillades en pleine foule et les poursuites haletantes se succèdent sans grande cohérence ou vraisemblance. Mann a les défauts de ses qualités lorsqu’il pousse le bouchon; la surenchère et la flamboyance mènent grandement à mal la qualité réaliste du récit. On aurait pu également mettre la pédale douce sur une amourette qui, si elle est essentielle au développement de l’histoire, est développée de façon beaucoup trop superficielle pour être crédible pour le spectateur. Il en reste néanmoins un suspense efficace et plaisant comme Mann a l’habitude de le faire, mais qui manque de substance pour se hisser parmi ses œuvres majeures.

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