Ennio Morricone

De dire qu’Ennio Morricone est le plus influent compositeur du cinéma contemporain, cela ne serait pas le surévalué. Avec près de 500 trames sonores «originales» à son actif, auxquelles s’ajoutent des milliers de reprises, plagiats, parodies ou hommages musicaux, il est loin d’avoir un égal. Peu de gens ont comme lui défini (et redéfini) un genre en entier, le western spaghetti existe en tant que genre distinct grâce à lui, premièrement parce qu’il a travaillé sur les films les plus marquants du genre et aussi sur les premiers importants, ceux qui on établit les règles (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de, The Good, the Bad and the Ugly et Once Upon a Time in the west Sergio Leone, Un pistolet pour Ringo et Le Retour de Ringo de Duccio Tessari ou Navajo Joe de Sergio Corbucci). Les compositeurs qui travaillent sur les autres westerns spaghettis le reprendront et le plagieront constamment: musique stridente, phrasés musiques répétitifs, instruments en vent (harmonica, flute de pan, trompette), pauses musicales dans lesquels le son du vent prend des ampleurs symphoniques. Tout est là dès la partition sur son premier western, Duello nel Texas en 1963, dans l’ensemble, cela semble même assez conventionnel, sauf à la fin, durant quelques mesures qui précède le duel final, il y à la les bases dans son œuvre futur.

L’année suivante, il compose la musique de Per un pugno di dollari (Pour une poignée de dollars) de Sergio Leone, il trouvera en Sergio Leone (ou Sergio Leone trouvera en Ennio Morricone) la parfaite symbiose. Leone exploitera certain mythe du western, la solitude du désert, la sècheresse, la poussière, l’aridité du climat et Morricone réussira à traduire le tout parfaitement en musique, reprenant même parfois des sonorités de la musique chinoise ou d’une musique classique presque vivaldienne, s’il croit que cela estpertinent. Le sommet de leur collaboration, est sans conteste la finale de The Good, the bad and the Ugly, assurément l’une des scènes les plus plagiés du cinéma, on est à des années lumières du Do not forsake me, oh my darlin’ chanté par Tex Ritter dans High Noon

En plus de la collaboration avec Leone, Morricone a entretenu de fidèles partenariats créatifs, parmi les majeurs, notons Roland Joffé (The Mission, Fat Man and Little Boy, Vatel… ), Brian De Palma (The Untouchables, Casualties of War, Mission to Mars…) et Giuseppe Tornatore. La relation avec Tornatore est particulière, le réalisateur, depuis son Cinéma Paradiso, ne travaille qu’avec Morricone et ce malgré l’âge avancé du compositeur. Cette année pour célébrer les 85 ans du maestro, Tornatore lui consacre un documentaire, Lo sguardo della musica.

Morricone est présent «symboliquement», même lorsqu’il n’est pas là. Le plus frappant exemple est chez Quentin Tarantino, Tarantino n’a jamais travaillé officiellement avec Morricone. Pourtant, l’œuvre de Morricone est au centre de son travail, peut-être pas tant dans ses premières films, mais dès Kill Bill Vol.1, elle est omniprésent.

La force de la musique de Morricone c’est quand quelques notes et trois sons (la cloche d’une horloge ou le bruit d’un porte devient chez lui instrument de musique), il réussit à installer une ambiance.  Il faut voir comment en quelques secondes, le temps d’une phrase musicale la musique de Morricone on peut installer les balises d’une scène. Sans préjugé, prenons une scène de Rumor has it… de Rob Reiner, sans faire le résumé complet du film, à un certain point, le personnage de Shirley MacLaine s’apprête à débiter toute ça rancœur qu’elle cultive depuis des années envers le personnage de Kevin Costner. En plan général de face, on voit MacLaine mettre ses lunettes fumés, le tout accompagné des premières mesures du thème de The Good, the bad and the Ugly. Ces dix notes résument la scène en entier, le dialogue devient superflu, même quelqu’un qui n’aurait pas vu le film de Leone, comprend exactement ce qui va s’y passer. Ce genre de raccourcit musicaux, pigé dans l’œuvre de Morricone sont innombrable.

 

 

Laurent

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