Premier long métrage d’Ivan I. Tverdovsky acclamé au festival de Karlovy, Correction Class rappelle les premières années de Von Trier… ♥♥
Lena, jeune adolescente intelligente et jolie, en fauteuil roulant, intègre une classe spécialisée pour enfants handicapés. Elle s’y fait des amis, et une forte solidarité se lie rapidement face à l’institution aussi archaïque qu’autoritaire de l’école. Puis Lena tombe amoureuse de Anton. Leur amour de jeunesse frais et lumineux vire au cauchemar lorsque cette relation attise la jalousie des camarades.
Correction Class se veut une ode à la jeunesse, à sa fraicheur, à son insouciance. Lena et ses camarades nous émeuvent, dans leur vulnérabilité, grâce à des personnalités bien dessinées et variées. Un casting et une maîtrise du jeu, spontané et naturel, participent à cette belle énergie qui se dégage du film.
Leurs rires et leurs insouciances se heurtent sans arrêt à l’autorité parentale et scolaire, mais le réalisateur de 25 ans, passionné, ne cesse de démontrer avec ardeur que leur envie de vivre triomphe toujours.
Ici s’arrêtent les qualités de Correction Class. Si la nostalgie de nos propres adolescences portée sur grand écran est toujours payante, le manichéisme qui sert le sujet (la marginalisation dans notre société des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental), posant invariablement ces jeunes en victimes, est assez grossier. Les adultes y sont bêtes, obtus, cruels, au mieux désintéressés. Par ailleurs, au delà du thème si cher au cinéaste, le traitement et le récit manquent eux, de contenance. Nous ne saisissons pas exactement si le personnage principal est Lena ou plutôt le groupe d’adolescents, ni quel est l’enjeu véritable : réintégrer une classe normale à la fin de l’année, les rivalités internes au groupe, ou le rêve de Lena (sortir de son fauteuil roulant) ? Par conséquent, le retournement brutal de ces jeunes gens très humains dans la première partie, en bêtes profondément cruelles n’a aucun sens car dépourvu de toute motivation précise. À moins qu’il faille encore trouver l’explication du côté de ces méchants adultes dépourvus d’écoute et de tendresse. D’autres films illustrent la violence chez l’adolescence et leur abandon par la société, mais sans pour autant porter de jugement régressif sur toute personne de plus de 30 ans. Et lorsque la rampe aménagée pour le fauteuil roulant se révèle un canular bâclé et non fonctionnel, on vire au pathétisme.
Un peu facile.
Auteur: Anne Castelain