C’est il y a 25 ans, le 20 janvier 1990 , que celle que l’on surnommait «The Queen», Barbara Stanwyck, tirait définitivement sa révérence.
C’était presque sans conteste la plus grande d’entre tous, aimée du public, de ses pairs et des critiques. Seuls les gens de l’Académie l’ont boudé un temps avant de lui remettre en 1982 un Oscar honorifique pour l’ensemble de sa carrière. Stanwyck, c’est au delà de 100 films et séries-télé, des chefs-d’œuvre du 7e art : All i Desire et There’s Always Tomorrow de Douglas Sirk, Forty Guns de Samuel Fuller, Double Indemnity de Billy Wilder ou Remember The Night de Mitchell Leisen. Stanwyck, c’est également une carrière de plus de 60 ans, 60 ans comme ambassadrice de son art et de ses artisans.
Stanwyck est la sœur artistique de Frank Capra. Ensemble, Capra derrière la caméra et Stanwyck devant, ils se sont épanouis, la collaboration Capra-Stanwyck dura 5 films, dont 4 entre 1930 et 1933. Ils se retrouvent en 1941 pour Meet Joe Doe. Stanwyck est également la «marraine» de nombreux comédiens, comédiennes, réalisateurs, scénaristes. Durant sa carrière, elle a toujours utilisé sa notoriété pour promouvoir des gens qu’elle croyait talentueux, le plus célèbre étant sans aucun doute William Holden, qu’elle a poussé. En 1978 aux Oscars, Stanwyck et Holden ont remis un prix ensemble, et Holden a utilisé sa tribune pour rendre hommage à sa bienfaitrice. Il le fera de nouveau en 1982, lorsqu’il lui remettra un Oscar honorifique. C’est The Queen qui, en 1939, alors au sommet de sa carrière, a insisté pour que le Golden Boy de Rouben Mamoulian soit joué par Holden. En 1954, Stanwyck accepta de jouer un rôle secondaire dans Executive Suite de Robert Wise, pour le plaisir de pouvoir partager l’écran encore une fois avec son poulain.
Stanwyck a toujours eu en estime Fred MacMurray, avec qui elle tourna 4 films : The Moonlighter, There’s Always Tomorrow, Double Indemnity et Remember The Night. La collaboration avec MacMurray est très significative: 4 films de 4 genres différents, qui montrent à quel point Stanwyck est versatile, passant dans une même année de la comédie romantique au western au film noir en passant par le mélodrame.
Elle fut la reine d’Hollywood, des grands studios, mais ne fut fidèle à aucun. Contrairement à beaucoup de stars de son époque, elle tourne autant pour la Fox que pour la MGM, la RKO, la Columbia et la Universal, elle est un électron libre. Elle tourne également dans des productions indépendantes, Cattle Queen of Montana et Escape to Burma d’Allan Dwan. Elle fut également celle qui n’avait peur de rien: dans Forty Guns de Fuller, elle fit elle-même ses cascades; dans Walk on the Side d’Edward Dmytryk, elle interprète le rôle le plus crado de sa carrière, détruisant son image, prenant les devants sur ses deux rivales, Bette Davis et Joan Crawford, qui la suivront dans cette voie une dizaine de mois plus tard avec What ever happened to Baby Jane?. Bette Davis et Joan Crawford ont usé jusqu’à la corde la carte du grand guignol grotesque. Stanwyck, quant à elle, s’est tourné vers la série-télé, avec The Barbara Stanwyck Show, ce qui lui a donné la chance de tourner avec le grand Jacques Tourneur, qui était alors sur la fin de sa carrière, et de donner la chance à un réalisateur montant, Arthur Hiller, environ dix ans avant que celui-ci réalise Love Story. Puis ce fut Big Valley et The Thorn Birds, récoltant sur leur passage Emmy et Golden Globes.
Stanwyck fait malheureusement partie de ses acteurs qui furent au sommet et qu’une nouvelle cinéphilie n’a pas encore adopté, à l’instar de Bob Hope ou Deanna Durbin. Cependant, contrairement à Hope et Durbin, il y a un modernisme dans le jeu de Stanwyck et dans les sujets abordés dans ses films. Les deux films qu’elle a tournés avec Sirk sont toujours d’une maturité inouïe, de même que The secret bride de William Dieterle qui traite de la corruption politique comme peu de films l’ont fait.
Stanwyck en 10 films:
- All I Desire de Douglas Sirk (1953)
- Forty Guns de Samuel Fuller (1957)
- Double Indemnity de Billy Wilder (1944)
- Remember The Night de Mitchell Leisen (1940)
- There’s Always Tomorrow de Douglas Sirk (1956)
- The Lady Gambles de Michel Gordon (1949)
- Annie Oakley de George Stevens (1935)
- The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra (1933)
- The Lady Eve de Preston Sturges (1941)
- The Miracle Woman de Frank Capra (1931)