Italie, 2009
Note : ★★★★
Depuis sa sortie en salle en 2017, je demeure complètement subjuguée par la beauté sensible et idyllique du film culte Call Me By Your Name (notre critique ici) réalisé par Luca Guadagnino et adapté du roman d’André Aciman. Dès lors, curieuse de découvrir un autre diamant brut, je me suis lancée dans l’exploration de la filmographie du scénariste, réalisateur et producteur italien, m’ayant permis de défricher non seulement les audacieux Suspiria (2018) et A Bigger Splash (2015), mais surtout, l’authentique Amore (2009).
Nominé lors de la 68e cérémonie des Golden Globes dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, ce long-métrage est une véritable expérience sensorielle autant contemplative que réflective, rapportant un récit mélodramatique coloré d’amour et d’identité. Comme un cousin éloigné de Call Me By Your Name, il s’agit d’un film explorant la complexité émotionnelle des relations humaines qui vous donnera la folle envie d’emménager en campagne italienne et d’y vivre d’amour et d’eau fraîche. Que demander de plus?
Les paysages d’un Milan enneigé qui défilent sur la bande sonore classique romanesque du compositeur John Adams rappellent l’atmosphère glaciale et solennelle tapissant les murs de la somptueuse demeure de la famille Recchi. La table est dressée, les plats sont servis, toute la famille est rassemblée en l’honneur de l’anniversaire du grand-père Edoardo Recchi (le regretté Gabriele Ferzetti) qui profite de l’occasion pour annoncer officiellement qui reprendra son rôle au sein de l’entreprise familiale : son fils Tancredi et son petit-fils Edoardo junior (Pippo Delbono et Flavio Parenti).
Les événements sérieux qui prennent place semblent cependant se détacher du narratif dont fait partie Emma (Tilda Swinton), la mère de la famille et protagoniste de l’histoire. Elle est affectueuse, douce et attentive; seuls sa prestance et ses habits élégants la rattachent au monde bourgeois et sérieux des Recchi. Une certaine mélancolie drape incessamment son regard jusqu’au moment où elle fait la rencontre d’Antonio (Edoardo Gabbriellini), ami cher de son fils Edoardo, également bon vivant chaleureux et chef cuisinier talentueux dont elle tombera follement amoureuse quelques mois plus tard sous la chaleur de l’été.
Le cœur de l’histoire se concentre sur cette liaison-avalanche qui bouleversera à tout jamais la vie d’Emma et l’équilibre familial, dans une ascension lente et rythmée à la Guadagnino. Fidèle à son habitude, le réalisateur accorde le récit, la cinématographie et la musique de manière à ce qu’ils fonctionnent en symbiose : il isole les personnages d’un plan en plongée lorsqu’ils se sentent seuls, serre la caméra près des visages lorsqu’ils vivent une émotion forte ou offre un montage rapide sur une trame sonore saccadée lors d’un point culminant.
Je reste fascinée par une scène particulière dont la métaphore est basée sur le montage alterné d’images d’insectes, de fleurs sauvages et de silhouettes nues des amants batifolant dans l’herbe sous le bruit du vent et des respirations, telle une parade érotique à la fois naturelle et bestiale, illustrant, dans sa fonction symbolique, le souci artistique du réalisateur.
Avec ses couleurs vibrantes et floutées semblables à une bruine chaude d’été, magnifiées par le jeu harmonieux de Tilda Swinton, Amore porte un regard songeur sur l’amour passionnel, l’amour propre et l’amour familial à travers la perspective d’une femme s’étant égarée avec les années.
C’est dans la douceur, la nature, la stimulation des sens et la vulnérabilité que celle-ci revisite son passé, afin de reconstruire sa propre identité et de s’offrir librement à l’amour aux dépens des chamboulements collatéraux. C’est un film à savourer lentement avec un bon vin italien, qui vous surprendra au fil de l’écoute. Bon voyage!
Amore est disponible à l’écoute sur MUBI.
Bande annonce :
Durée : 2h
Crédit photos : Métropole Films Distribution
Ça donne le goût, article très pertinent!!