Gyllenhaal se pompe les veines dans Southpaw ♥♥½
Il devait être beau sur un cheval pour qu’il puisse jouer dans un western, être convaincant en uniforme pour ses films policiers, séduisant et galant dans les comédies romantiques et maintenant, capable de prendre des coups de poing pour son film de boxe.
Jake Gyllenhaal est tout feu tout flamme dans Southpaw, un film pompé à la testostérone ayant du cran, mais qui s’avère un « ripoff » du film The Champ (1979). Scénarisé par le créateur de The sons of Anarchy, Kurt Sutter, et réalisé par Antoine Fuqua (Training day) qui trempe ce film de sang et de sueur.
Le résultat de la force
Gyllenhaal est Billy Hope, un orphelin qui a eu la vie dure pendant son enfance; en plus il marmonne et bégaie… mais ce dernier s’est battu pour se retrouver au sommet de la gloire en tant que boxeur professionnel dans la catégorie des poids légers. Également, Maureen (Rachel McAdams), orpheline devenue femme de Billy, a été à ses côtés depuis ses douze ans. Cette dernière agit comme la mère de Billy qui prend toutes les décisions du couple. Malgré tout, « Mo » est toujours derrière lui pour le supporter même si elle souhaiterait que son mari prenne sa retraite (ce qu’il fera après une discussion animée avec Maureen): « Don’t get hit too much! » dit-elle durant la première scène de boxe.
Les armes de prédilections de Billy sont sa rage et son habileté à résister à une tonne de torgnoles à la Jake LaMotta (Raging Bull). Il nargue ses adversaires, même s’il a le visage ensanglanté. Mais la nature coléreuse de Billy est ce qui déclenche, en dehors du ring, une rivalité avec un adversaire prometteur, mais arrogant (Miguel Gomez). En répliquant férocement à son concurrent suite à une insulte envers sa femme, une fusillade s’enchaine et enlève la vie de sa douce épouse. C’est une scène déchirante où Gyllenhaal et McAdams jouent avec beaucoup d’intensité et d’émotions. Les policiers sont tellement impressionnés par le jeu des acteurs que ces derniers oublient d’intervenir dans la scène de crime qui est aussi publique que le meurtre du rappeur Tupac Shakur. Pour remédier à la situation, les flics oublient totalement le tireur comme si rien ne s’était passé, tout comme le film d’ailleurs.
La vie et la carrière de Billy tombe dans une spirale autodestructive, multipliant les plans où le boxeur se retrouve seul dans une pièce sombre malgré le fait qu’il ait une adorable petite fille ( Oona Lawrence) qui a crucialement besoin de lui, mais cela ne semble plus d’aucune importance pour l’ancien champion qui accumule les frasques. Son agent ( Curtis « 50 cent » Jackson) ne s’intéresse qu’à l’argent. Ses « boys » sont mis de côté. Un combat désastreux plus tard, et Billy perd la garde de sa fille, sa maison et sa Bentley, il se ruine littéralement en l’espace d’un seul match! Il se tourne alors vers un entraîneur à moitié aveugle (Forest Whitaker) pour l’aider à se relever de sa misère.
Un film de boxe peu original
L’arc de l’histoire est entièrement trop familier pour soutenir les deux heures qui séparent le film; la violence et le langage cru sont les seuls éléments qui rapprochent ce film du mélodrame sentimental dont Southpaw veut être pour entrer dans le même territoire que Raging Bull. Le cinéaste nous offre un point de vue des « gants » durant les scènes de combats, qui sont plus crédibles que le traditionnel Rocky mais tout de même à pouffer de rire surtout lorsqu’on voit les boxeurs se faire bourdonner de coups de poing comme des vulgaires punching bags.
Puisque nous sommes déjà assez tendus de voir Gyllenhaal agir comme un bébé incapable d’articuler le moindre mot en plus d’une éprouvante perte; ce sont des distractions que le film aurait pu éviter. Mais Gyllenhaal, couvert de sang et de tatouages (« Fear no man » sur son dos, le nom et la date de naissance de sa fille sur sa poitrine), travaille d’arrache-pied pour nous faire croire en l’authenticité de son personnage, comme il l’a souvent fait dans le passé. La jeune Mademoiselle Lawrence tire sur la corde sensible, Whitaker est lui aussi juste en tant qu’entraîneur strict et Naomie Harris fait son possible dans un rôle ingrat de travailleuse sociale.
Les dialogues — ce que nous pouvons en comprendre — ne réinventent pas le cinéma. Les marmonnements de Gyllenhaal, les paroles intoxiquées de Whitaker et celle de 50 Cent, pomponnée comme un promoteur de lutte chic, qui fait exactement la même chose ( il a toujours marmonné de toute manière) et vous vous rendrez compte que ce film serait mieux d’être visionné à la maison (avec les sous-titres bien entendu !).
Auteur: Justin Charbonneau