La décennie passée a vu plusieurs réalisatrices, nouvelles ou anciennes, percer et avoir de plus en plus de reconnaissance dans le cinéma mainstream. En 2018, Greta Gerwig est devenue la première femme en huit ans à recevoir une nomination dans la catégorie de la meilleure réalisation aux Oscars (la dernière ayant été Kathryn Bigelow en 2010). Cette année, il y a deux femmes dans la catégorie (Chloé Zhao et Emerald Fennell) pour la première fois en 91 années d’histoire de la cérémonie. Les réalisatrices sont de plus en plus nombreuses dans le cinéma populaire et sont enfin reconnues pour leur talent sans pair et leurs visions rafraîchissantes. Dans cette compilation, nous nous penchons spécifiquement sur les films du genre coming of age réalisés par des femmes. Voici les 5 premiers d’une compilation de 10 films indispensables.
» Bande de filles
Réalisation : Céline Sciamma
Année : 2014
Pays : France
De la même réalisatrice qui a fait le sublime Portrait de la jeune fille en feu (2019), Bande de filles est autant une contemplation personnelle sur la féminité et la sexualité qu’une exploration complexe et nuancée de l’amitié entre filles. Un peu une réplique féministe à La Haine (1995, Mathieu Kassovitz), le film suit les hauts et les bas de Marieme (Karidja Touré), une adolescente de classe ouvrière qui sort peu à peu de sa coquille après avoir intégré une clique de filles. Sciamma emploie des acteurs non professionnels et un style cinématographique réaliste afin de faire parvenir aussi authentiquement que possible le monde des jeunes Parisiens marginalisés.
» Clueless
Réalisation : Amy Heckerling
Année : 1995
Pays : États-Unis
Un essentiel du coming of age, Clueless est une adaptation modernisée du roman Emma par Jane Austen. C’est un film coloré, avec des costumes sans pair qui continuent à laisser leur empreinte sur la mode et un dialogue comique et facile à suivre. Heckerling est également connue dans le genre pour son premier long-métrage, Fast Times at Ridgemont High (1982). Dans Clueless, on suit les nombreuses prises de conscience de Cher Horowitz (Alicia Silverstone), adolescente riche et généreuse mais qui manque un peu de maturité émotionnelle. Le film met également en vedette un jeune (et très mignon) Paul Rudd.
» Girl Asleep
Réalisation : Rosemary Myers
Année : 2015
Pays : Australie
Si David Lynch et Wes Anderson s’étaient réunis pour faire un film dans la banlieue australienne des années 1970s, ça donnerait sûrement Girl Asleep. Dans son adorable premier long-métrage, Myers crée un monde fantastique dans lequel rêves et réalité s’entremêlent pour révéler les anxiétés liées au passage à l’adolescence qu’éprouve Greta (Bethany Whitmore). Un coming of age surréaliste et complètement unique, avec des costumes magiques et une cinématographie aux couleurs pastel, Girl Asleep sait être comique et absurde, mais aussi extrêmement touchant. C’est un petit bijou caché qui s’écoute aussi facilement qu’on mange un dessert.
» Booksmart
Réalisation : Olivia Wilde
Année : 2019
Pays : États-Unis
Un autre premier film bien réussi, Booksmart cherche à déconstruire les personnages stéréotypés qui peuplent souvent l’univers des coming of age. Quelques jours avant leur graduation, Molly (Beanie Feldstein) et Amy (Kaitlyn Dever) réalisent qu’elles ont passé trop de temps à étudier et pas assez à s’amuser pendant leur parcours au secondaire, et essaient de tout rattraper en une nuit. Wilde démontre une habileté à divertir tout en nous forçant à réévaluer nos préjugés et arrêter de poser des étiquettes sur les gens; Booksmart est en égale mesure une prise de conscience et une comédie qui saura faire rire du début à la fin.
Voir ce que l’on en avait pensé à sa sortie sur les écrans
» Jeune Juliette
Réalisation : Anne Émond
Année : 2019
Pays : Canada (Québec)
Filmé à Montréal même, dans une école secondaire qui se trouve à l’est de l’île, Jeune Juliette est un coming of age pour toutes les personnes qui ne se sentaient pas à leur place au secondaire. Tout comme Booksmart, le film cherche à déconstruire les conventions du genre et nous présente des personnages complexes, terre à terre, auxquels on peut s’associer – surtout Juliette, interprétée avec beaucoup de talent et de conviction par Alexane Jamieson. Le point fort de Jeune Juliette est surtout la liberté d’expression qu’il accorde à sa protagoniste, prenant au sérieux toutes ses expériences d’adolescente et permettant donc à ses spectatrices de se sentir comprises.
Crédits photos: Pyramide Distribution, Paramount Pictures, Kojo Group, United Artists Releasing, Maison 4:3