Wiener-Dog [Le Teckel] Sans rire et sans malaise

Avec Wiener-Dog, Todd Solondz se perd avec ce qui est sans doute son film le moins abouti. ♥♥

Avec Happiness, Todd Solondz a réalisé ce qui est non seulement l’un des meilleurs films du cinéma indépendant américain depuis les années 1990, mais aussi une observation sociale aussi drôle que malaisante qui a fait son bout de chemin et des petits pour une nouvelle génération de cinéastes. Ses Storytelling, Welcome to the Dollhouse, de même que Life During Wartime (la suite informelle de Happiness) ont permis au cinéaste d’affuter un style unique qui a le mérite de sortir constamment le spectateur de sa zone de confort. Entre ces oeuvres marquantes, Solondz  a fait des explorations stylistiques et narratives moins réussies, nommément Palindromes et Dark Horse. Pour notre grand malheur, sa dernière offrande, Wiener-Dog, s’inscrit dans cette lignée et est sans doute l’oeuvre la plus faible du cinéaste.

Le film raconte les péripéties d’un chien saucisse en 4 histoires distinctes; un couple qui achète un chien à son fils pour le désennuyer, deux ‘’amis’’ en road trip, une jeune fille rendant visite à sa grand-mère et un professeur de cinéma aigri. Le chien est surtout un prétexte plus ou moins pertinent pour raconter 4 histoires alors qu’il est présent à des degrés très variables d’une histoire à l’autre.

Wiener-Dog-Movie-1[1]

Crédit photo : teaser-trailer

D’entrée de jeu, comme beaucoup trop de films à sketches, celui-ci entre dans le piège de l’inégalité. En effet, certains segments sont forcément plus réussis que d’autres (celui de Danny DeVito en professeur de cinéma) et laissent une impression inachevée ou bâclée au final. Le fil narratif du chien est bien mince et cela se sent de plus en plus à mesure que le récit avance. Malheureusement, l’angle sans grande originalité de Solondz ne parvient pas à réchapper le tout, malgré quelques bonnes scènes.

L’essoufflement du style Solondz

Un autre aspect qui nous désole du Todd Solondz version 2016 est la Quentin Tarentinoïsation™ de son cinéma. En effet, depuis quelques films, nous avons l’impression que M. Tarantino va ‘’forcer’’ certaines scènes pour faire plaisir à ses fans et bien camper son style. C’est exactement ce que fait Solondz qui se perd depuis quelques films (son mini segment Venice 70 en 2013 était imbuvable) alors que son côté d’humour malaise qui est si présent dans son cinéma n’est au final ni drôle ni malaisant dans Wiener-Dog. Ses célèbres personnages misanthropes manquent de caractère et reflètent peut-être un essoufflement dont Todd Solondz souffre personnellement face au type de cinéma qui l’a mis au monde. On souhaite ainsi à Solondz de suivre sa voie, continuer ses expérimentations et ne pas se forcer à rester campé dans un style qui, visiblement, ne lui fait et ne lui plait plus.

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