Précédé d’une réputation très flatteuse, le film d’infectés sud-coréen Train to Busan était projeté pour la première fois en Amérique du Nord à l’occasion du festival Fantasia de Montréal. Si le film de Sang-ho Yeon tient toutes ses promesses en termes de spectacle, Train to Busan souffre quelque peu de certains problèmes d’interprétation qui nuisent à l’impact émotionnel de l’ensemble. ♥♥♥½
Usé jusqu’à la corde, le genre du film de zombies/infectés a fini par quelque peu lasser son public ces dernières années. Avec Train to Busan, Sang-ho Yeon nous livre une oeuvre certes imparfaite mais suffisamment aboutie pour se distinguer du tout-venant. Doté d’un pitch pour le moins simple: Une invasion d’infectés se déroule dans un train en marche, le film offre certaines séquences spectaculaires sublimées par une mise en scène minutieuse qui gère parfaitement la spatialisation de l’action. Si l’on ajoute à cela un montage nerveux qui dynamise l’ensemble, Train to Busan s’impose facilement comme l’un des meilleurs films d’action horrifique de ces dix dernières années.
Train to Busan: Un père et sa fille face à l’horreur
Le film est résolument moderne dans sa manière d’aborder le genre. Il lorgne en effet davantage vers le diptyque 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard que du côté de l’oeuvre de George Romero. Néanmoins, un propos social typiquement romerien infuse le film qui tente de questionner la société coréenne sur des sujets aussi divers que la famille, le carriérisme, la cupidité et l’écologie. La population du train est représenté comme un échantillon global de la société du pays avec ses personnages de tous âges et d’origines sociales diverses. Train to Busan pêche néanmoins en subtilité sur ce plan et sombre parfois dans un manichéisme évident. L’interprétation n’est pas non plus toujours au niveau du reste et les séquences dramatiques en pâtissent largement.
Train to Busan: Le calme avant la tempête
Mais l’intérêt se trouve finalement ailleurs. Il réside dans le rythme haletant du récit et dans sa manière de déplacer l’action d’un wagon à l’autre tout en évitant toute forme de répétition. Train to Busan a la particularité de se réinventer sans cesse et de proposer à chaque déplacement des personnages de nouveaux enjeux. Le procédé fait évidemment penser au Transperceneige de Bong Joon-Ho, autre réalisateur coréen qui a su parfaitement gérer l’action dans un train en marche. Le film de Sang-ho Yeon reprend d’ailleurs certaines idées du Transperceneige comme les séquences où les protagonistes tirent profit des passages du train dans les tunnels. Film grand public, Train to Busan se révèle néanmoins moins radical dans son approche de la violence que le film de Bong Joon Ho. L’aseptisation de la dimension horrifique du long-métrage s’expliquant probablement par la volonté d’une meilleure exploitation commerciale dans le monde.
Spectaculaire et ambitieux, Train to Busan est une très bonne surprise qui dépoussière un genre éreinté par des années d’exploitation aussi mercantile que médiocre. Parfois approximatif au niveau de l’interprétation, le film de Sang-ho Yeon arrive à convaincre grâce son rythme effréné, sa gestion de l’action et son perpétuel renouvellement des enjeux. Un tour de grand huit qu’il serait dommage de manquer!