Brésil, 2020
★★ 1/2
Présenté dans le cadre de la 50e édition du Festival du nouveau cinéma en Première Canadienne et en Compétition internationale, et sélectionné dans la catégorie Grand Prix à Sundance, The Pink Cloud (A Nuvem Rosa) témoigne d’une peur profonde d’un monde confiné dans lequel la liberté laisserait place aux solitudes.
Un premier film pour Iuli Gerbase
Premier long métrage de fiction écrit et réalisé par la réalisatrice brésilienne Iuli Gerbase, The Pink Cloud raconte l’histoire de Yago et Giovana qui devront s’isoler et barricader leurs portes et fenêtres lorsque de nombreux nuages roses, étrangement beaux, mais toxiques, envahissent le ciel. Rencontrés la veille, ces amants d’un soir que le récit force à cohabiter ne pourront communiquer avec l’extérieur que par l’entremise d’appels vidéo. Un étrange tube fixé à leur fenêtre de cuisine leur fournira le nécessaire de survie : de la nourriture et des médicaments. Puis passent les heures, les semaines, les mois, les années…
La solitude comme prison
Au travers de ce lent huis clos, la réalisatrice brésilienne explore la fragilisation de la santé mentale de ses protagonistes par l’isolement et le confinement. Elle semble se poser la question suivante : comment peut-on trouver le bonheur lorsque tout nous a été enlevé? Prison pour l’âme et le corps, cet isolement forcé pousse nécessairement les gens à développer leur créativité, à jouer des personnages, à retomber en enfance. Or, la solitude guette au bout du couloir, et parfois même si l’on est deux.
Écho avec la pandémie COVID-19
Comment ne pas faire de lien avec la situation actuelle? Écrit en 2017 et tourné en 2019, ce projet s’affiche comme une véritable prédiction de la pandémie actuelle. Et c’est étrange comment ce récit vient finalement s’inscrire dans son époque. L’idée d’avoir conçu un film qui parle d’un confinement forcé et d’une situation planétaire catastrophique juste avant une pandémie mondiale est fascinante. Ce film nous pousse à revivre notre confinement, notre isolement, nos solitudes et nos pertes. Est-ce trop tôt? Le risque est de partager l’ennui des protagonistes. La pandémie a été une épreuve difficile pour plusieurs personnes, et il n’est pas impossible que le spectateur se sente encore trop près de la situation pour y plonger à nouveau. Et ceci n’enlève aucunement les qualités artistiques du film. La direction photo est impeccable, toujours teintée par cette douce et amère ambiance rosée. Les acteurs, Renata de Lélis et Eduardo Mendonça, offrent une performance adéquate et efficace, et sont présents dans presque tous les plans du film.
Au finale, The Pink Cloud est un film intéressant puisqu’il s’inscrit réellement comme anticipatoire aux évènements actuels. Le film aurait-il été apprécié autant s’il n’y avait pas eu de pandémie? C’est une question que l’on peut se poser.
Bande annonce :
Durée : 1h45
Crédit photos : Prana Filmes