The Grand Budapest Hotel

Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, reconnaissons tout de même que Grand Budapest Hôtel marque un certain aboutissement dans l’œuvre de Wes Anderson, mais rendu à ce niveau, trop c’est trop. ♥

Une jeune femme lit un livre écrit par un auteur qui s’est fait raconter l’histoire de M. Gustave par la bouche même du propriétaire du Grand Budapest Hôtel, celui-ci ayant vécu les aventures de M. Gustave avec lui alors qu’il n’était qu’un garçon d’étages.

Wes Anderson a développé au fil des ans une esthétique qui lui est propre : personnages loufoques, aventures rocambolesque, décors de cartons-pâtes colorés et mise en image symétrique. Si Bottle Rocket avait une facture plus classique, il a, de films en films, peaufiné sa signature unique, créant un maniériste  à l’extrême. Dans les premières temps cela apportait un côté ludique, faussement «vintage», un genre de vision cinématographique du scrapbooking, il arrive avec Grand Budapest Hôtel au-dessus de la ligne du trop-plein. C’est l’équivalent du cupcake qui aurait trop de glaçage sucrée, ça donne la nausée.

John Ford expliquait, en décortiquant les peintures de Remington, à l’apprenti cinéaste que la règle des tiers en peinture devait être aussi appliquée au cinéma (Directed by John Ford, Bogdanovich, 1971). Depuis les vus Lumière, c’est appliqué presque à la lettre – l’arroseur est dans le tiers gauche du cadre, le farceur dans le droit et le tuyau dans celui le tiers du bas –. Wes Anderson plus que tous autres avant lui, prend un certain plaisir à démolir continuellement cette règle, en usant comme point de fuite le centre du cadre. Son désir de centrer tout au maximum le fait d’ailleurs utilisé durant presque l’entièreté du film le format 4:3. Le visage de Ralph Fiennes (M. Gustave) est en quasi permanence au centre du cadre, créant quelques chose d’hermétique et de rebutant, son cadre est trop construit, trop refermé sur lui-même qu’il ne laisse pas le spectateur y entré.

Même dans les Nombreux rebondissements de la burlesque aventure de M. Gustave, tout est hyper saccadé et calculé. L’humour qui pouvait parfois ressortir de certains situations dans les aventures de Mr. Fox ou de Steve Zissou arrivaient un peu à l’improviste, ici on comprend dès le commencement que dans chaque scènes, voir dans chaque plans, Anderson viendra de force y inclure un gag quelconque et si ce n’est pas un gag humoristique, il vient nous lancer au visage un caméo. Et côté caméo, le films en regorge, depuis Around the World in Eighty Days (Michael Anderson, 1956), aucun film n’avait réuni sous le même enseigne autant de star, des fidèles Bill Murray, Jason Schwartzman et Owen Wilson jusqu’à Léa Seydoux, en passant par Tom Wilkinson, Tilda Swinton, Harvey Keitel, Jude Law… une vingtaine de comédien «célèbre» vienne y faire leur petit salut stagé devant la caméra.

Au cinéma, c’est comme dans toutes choses: «La modération à bien meilleur gout», dictons qu’a surement oublié M. Anderson.

Laurent

**class!K**

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