THE GANGSTER, THE COP, THE DEVIL : COURSE CONTRE L’ENFER

Un policier traque un tueur en série qui lui file entre les doigts. Quand ce dernier s’en prend par mégarde à un redoutable chef de la pègre, le détective saisit l’opportunité d’unir ses forces avec le gangster pour mettre la main sur le tueur.

Depuis une quinzaine d’années, le cinéma sud-coréen ne cesse de rayonner à l’international et de surprendre le public grâce à son audace. Et pour cause, le pays du matin calme semble être une réserve inépuisable de cinéastes de talent. Le récent sacre de Parasite de Bong Joon-ho au Festival de Cannes prouve une nouvelle fois que la Corée du Sud n’a pas fini de nous étonner avec la singularité de ses films et le génie de ses metteurs en scène.

Avec The Gangster, the Cop, the Devil, le réalisateur Lee Won-tae revisite le genre du polar coréen en se risquant à retravailler certains de ses codes. Et pour cause, la note d’intention du film le distingue rapidement de ses homologues The Chaser (Na Hong-jin, 2008) ou I Saw The Devil. (Kim Jee-woon, 2010) Ici, Lee Won-tae choisit l’angle du buddy movie en optant pour une forme de légèreté dans la tonalité qui vient contraster avec la noirceur habituelle du polar. Et de fait, pour mélanger les genres filmiques, les sud-coréens n’ont que peu d’équivalent dans le monde. Malheureusement, Lee Won-tae n’a pas le talent de certains de ses compatriotes et l’incessante rupture de ton a tendance a créer un déséquilibre qui affaiblit quelque peu l’impact du récit. 

De plus, la multitude de points de vues adoptés éparpille quelque peu la narration. Le déroulé de l’enquête semble ainsi accessoire au metteur en scène qui préfère faire la part belle à ses personnages et se focaliser sur la dynamique du duo. Et sur ce plan, le film tient toutes ses belles promesses. L’association improbable entre un chef mafieux interprété par l’imposant Ma Dong-Seak (révélé par le monumental Train to Busan en 2016) et un policier incarné par Kim Mu-yeol (War of the Arrows, 2011) nous réserve quelques séquences des plus savoureuses. Contrebalançant la morosité de son sujet avec un humour noir ravageur, Lee Won-tae marche ainsi dans les pas du scénariste américain Shane Black (Kiss Kiss Bang Bang, The Nice Guys).

On pourrait néanmoins regretter que l’écriture du personnage du tueur en série ne soit pas au niveau de celle des deux autres protagonistes. L’assassin étant davantage un simple personnage-fonction qui ne sert que de moteur pour faire progresser l’histoire. La complexité et la richesse thématique de films tels que Memories of Murder ou The Chaser ne sont pas non plus ici au rendez-vous. Mais qu’importe! Le dynamisme imparable du film conjugué avec son humour corrosif en font néanmoins une très bonne surprise. Et pour cause, The Gangster, the Cop, the Devil a véritablement enflammé le public du Festival Fantasia lors de sa projection!

Durée: 1h49

Ce film a été vu dans le cadre du Festival international de films Fantasia 2019.

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