The Farewell : le poids des adieux

États-Unis et Chine, 2019
Note: ★★★ 1/2

 

Lulu Wang atteint un plus grand public avec The Farewell, son second long métrage. Le film raconte l’histoire d’une famille chinoise qui se retrouve pour un mariage improvisé pour permettre à tous de revoir la matriarche à qui on cache son cancer en phase terminale. Un film tout en douceur mené par une Awkwafina en retenue aux antipodes des premiers rôles qui nous l’ont fait connaître en tant qu’actrice (Crazy Rich Asians (2018), Ocean’s 8 (2018), Neighbors 2: Sorority Rising (2016)). Des adieux qui nous révèlent deux talents.

Gauche à droite : Jiang Yongbo, Aoi Mizuhara, Chen Han, Tzi Ma, Awkwafina, Li Xiang, Lu Hong, Diana Lin | Crédits : Big Beach/A24

Billi (Awkwafina) a 30 ans, est toujours aux études et a très peu de revenus pour balancer sainement le coût de la vie à New York. Immigrée toute jeune aux États-Unis, elle a gardé un contact régulier par téléphone avec Nai Nai (délicieuse Shuzhen Zhao), sa grand-mère habitant toujours en Chine. L’équilibre de tout son entourage sera menacé lorsque les médecins découvriront un cancer avancé à cette dernière. Seulement, la malade ignore sa mort annoncée, secret bien gardé par la famille. En Chine, les membres d’une famille sont en droit de ne pas révéler aux malades ces diagnostiques pour leur éviter le poids de la finalité de leur vie. La famille improvisera alors un mariage pour le cousin de Billi qui permettra à tous de se retrouver pour la première fois en 25 ans auprès de Nai Nai.

 

Lulu Wang concentre son film sur le poids émotionnel que cette mort supposée imminente a sur les différents membres de la famille, surtout Billi, protagoniste principale. Le film évite brillamment tout aspect politique pour plonger dans l’émotion et le poids de cette différence culturelle lorsque la mort de nos proches aînés est imminente. Sans trop insister sur ces différences sociales, The Farewell repose tout de même sur celles-ci, ne serait-ce que pour sa prémisse initiale. La sensibilité de Wang et la qualité du jeu de Awkwafina nous ramènent constamment à l’enjeu émotionnel, qui au final demeure celui de dire nos adieux à un être aimé.

Awkwafina et Shuzhen Zhao dans The Farewell | Crédits : Big Beach/A24

La cinéaste fait évoluer sa réalisation de sobre, tout au long de la première moitié, à plus esthétisée, dans la seconde. Plus le poids émotionnel entourant la mort de Nai Nai et son secret pèsent sur Billi, plus Wang offre aux spectateurs des scènes stylisées permettant d’admirer et de réfléchir à cette situation. Ces moments sont les bienvenus et allègent quelque peu l’histoire nous permettant de respirer entre chacune des tensions que créent le secret et ce qu’implique de ne pas le dévoiler. Billi, femme trop sensible comme lui rappelle ses parents, doit refouler ses émotions en présence de grand-mère adorée. Par ces scènes, Lulu Wang équilibre son film et nous permet de découvrir son talent; quelques ralentis, plusieurs moments de silence ou encore des plans magnifiquement construits. Wang a su utiliser la libération qu’un beau plan peut apporter pour à la fois nous permettre une pause, mais également nous permettre de connecter avec Billi à travers ces silences.

Affiche | Crédits : Big Beach/A24

The Farewell est un film sensible avec une thématique universelle enrobée dans la délicatesse de la réalisation de Lulu Wang. Un second long métrage profond, mais rempli d’humour… et de bouffe. À déguster.

Durée: 1h40

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