The Banshees of Inisherin : Petite histoire, grand film

Angleterre, États-Unis, Irlande, 2022
Note : ★★★★

Une autre réussite pour Martin McDonagh. Précisément cinq ans après l’acclamé Three Bilboards Outside Ebbing, Missouri et 14 ans après le marquant In Bruges, le réalisateur irlandais revient avec The Banshees of Inisherin. Il prouve que sa plume est toujours aussi aiguisée et confirme son statut de maître du tragi-comique.

Le scénario de McDonagh a toujours été la grande force de ses films. Dès In Bruges en 2008, son écriture avait charmé (avec raison) et lui avait valu une nomination pour le meilleur scénario aux Oscars, suivi d’une autre près de 10 ans plus tard pour Three Billboards

Le scénario de The Banshees of Inisherin n’a rien à envier à ses précédents opus, bien au contraire. Le film a d’ailleurs remporté récemment le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise.

La proposition est cette fois encore particulièrement originale : à partir d’un synopsis minimal — sur une des îles d’Aran, au large d’une Irlande éprouvée, en 1923, un homme ne veut plus parler à son ami qu’il trouve ennuyeux, causant peine et incompréhension à ce dernier — McDonagh arrive à créer un véritable film d’auteur de près de deux heures, émotivement sensible et riche en questionnement existentiel.

L’amitié, les ambitions, le sens de la vie sont les thèmes auxquels il réfléchit cette fois, avec beaucoup de mélancolie et avec l’humour qui lui est propre. Qui sait transposer y verra un caractère universel.

Car tout en pouvant être évocateur pour tous, The Banshees of Inisherin est campé dans un contexte précis. À cet égard, la reconstitution historique est fort éloquente.

L’île sur laquelle se déroule l’action offre des paysages à couper le souffle. Les personnages sont souvent aperçus à regarder au loin vers cette Irlande en pleine guerre civile dont ils sont si isolés, ignorant presque tout ce qui s’y passe. L’ouverture semble si grande, mais ils sont pourtant coincés dans leur ennui, leurs drames à petite échelle. Ainsi, McDonagh rend un hommage senti à la réalité insulaire et dessine un portrait d’une grande finesse de la petite communauté.

Le cinéaste sait comment créer d’intéressantes galeries de personnages, toujours à première vue improbables, mais finalement d’une profonde cohérence psychologique.

Encore dans ce plus récent film, ses personnages sont interprétés par des comédiens au sommet de leur art. Colin Farrell et Brendan Gleeson, le duo de In Bruges, excellent dans les rôles des amis en conflit. Farrell a d’ailleurs remporté le prix d’interprétation masculine à Venise. Autour d’eux Barry Kheogan et Kerry Condon interprètent de manière authentique des rôles périphériques solidement définis. En leur donnant des développements émotionnels si riches à interpréter et des dialogues aussi truculents à réciter, disons que McDonagh leur a offert une belle occasion de briller.

Bande-annonce :

Durée : 1h54
Crédit photos : 20th Century Studios

Vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma.

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