Souvenirs de Marnie

Souvenirs d’Hayao – ♥♥♥½

Anna est une jeune orpheline solitaire, timide et agoraphobe. Sa mère adoptive décide de l’envoyer à la campagne chez des parents. C’est une belle aventure d’été qui commence pour Anna quand elle découvre une grande demeure inhabitée, construite au cœur des marais. Elle se lie d’amitié avec une mystérieuse jeune fille : Marnie, mais cette dernière disparaît du jour au lendemain, forçant Anna à partir à sa recherche et à découvrir sa vraie nature.

Souvenirs_de_Marnie_afficheUn peu plus d’un an après l’annonce de la retraite de Miyazaki, l’un de ses co-fondateurs, le studio Ghibli propose la nouvelle œuvre d’un des ses réalisateurs «espoirs» : Hiromasa Yonebayashi, à qui l’on devait déjà Arriety, le petit monde des chapardeurs. Premier film sorti sans aucun apport de ses cofondateurs, on sent le studio chercher cependant à perpétuer la «rente Miyazaki» avec son trait, ses effets visuels (on doit au réalisateur les effets visuels d’un des chefs d’oeuvre du maître : Le voyage de Chihiro) voire ses personnages archétypaux. On exploite donc cette lignée, tout en proposant une histoire originale, où le fantastique est bien toujours présent, mais quitte le féérique pour se rapprocher du dramatique. On mélange ici de manière plutôt réussi le drame social (le deuil d’une jeune orpheline), le tableau bucolique (avec tout le pittoresque de la campagne japonaise d’Hokkaïdo) et le genre du Yurei-Eiga (le film de fantômes), très populaire dans l’Art japonais, tout cela en adaptant un livre pour enfants de l’écrivain britannique Joan G. Robinson (When Marnie was there). Le parcours initiatique d’Anna, jeune adolescente solitaire et mal dans sa peau croise donc la figure tutélaire de Marnie, qui l’obsède et l’accompagne pour se (re)trouver. L’histoire est belle et très touchante, le style et la mise en scène sont magnifiques de précision et de délicatesse, mais on ne peut s’empêcher de regretter un manque de rythme voire parfois un essoufflement du propos, qui risque d’ennuyer les plus jeunes. Et c’est là la limite du film : il délaisse ce public (tout en étant prévu principalement pour lui) avec une orientation sur des thèmes beaucoup plus dramatiques et risque de ne pas pleinement rassasier l’appétit des aficionados du genre, voire de les décevoir. En effet, les références au maître de la maison Ghibli, de légères et respectueuses avec l’esthétique et la poésie, deviennent un peu trop présentes voire pressantes, comme avec le plan récurent de la peintre sur la colline, repris directement de son dernier chef d’oeuvre, Le vent se lève et ce qui était dans l’esprit une belle métaphore filée devient un peu indigeste.

Mais ne boudons pas notre plaisir: s’il ne tient pas la comparaison avec ses prédécesseurs, bien évidemment trop lourde à porter pour n’importe qui, Souvenirs de Marnie est un vent de fraicheur et d’originalité dans les dessins animés actuels, préformatés et répétitifs.

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