Scratch: fiction ou faux documentaire ?

Présenté à Fantasia et aux Rendez-vous du cinéma québécois, Scratch est un film bien difficile à définir. C’est une fiction dans laquelle est tourné un documentaire donc le style ressemble beaucoup à un faux documentaire. ♥♥½

C’est en 1994 que Leslie a débarqué d’Haïti avec ses parents et son frère. Installé dans le quartier Petite-Bourgogne, il a fondé un groupe de rap, Lights and Shadows, qui commence à avoir son petit succès. Au point qu’une équipe documentaire le suit aujourd’hui dans son quotidien. Mais alors que le groupe donne un concert, Leslie a une altercation avec son rival, Chucky Dee, et est gravement blessé à la tête. Un électrochoc pour le jeune homme, qui comprend qu’il n’a plus le choix : il doit sortir du ghetto. Présenté au dernier festival Fantasia, Scratch est le premier long de Sébastien Godron (Chers parents). Mêlant avec audace faux documentaire, comédie musicale urbaine et réflexion sur la célébrité et l’intégration, il réunit quelques figures marquantes de l’histoire du hip-hop local, dont Narra ou Wahlee Sparks. (RVCQ)

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Scratch, un Hip Opéra.

En plus du documentaire dans le film de fiction, on y intègre une demi-douzaine de séquences chantées de style vidéoclip, dans le même principe qu’un film bollywoodien. À tout ça s’ajoute une panoplie de comédiens qu’on présume comme non-professionnels (du moins ils ne sont pas connus) à l’exception de Fayolle Jean Senior (que l’on peut voir dans Mémoires Vives et Pure Laine) et qui est ici très drôle. Mais ces comédiens sont plutôt inégaux et on dirait qu’ils exagèrent leur jeu. C’est à se demander si c’était une directive du réalisateur dans le but de souligner leur comportement parfois exagéré et caricatural dans le but de passer un message aux jeunes (du genre: faites attention de ne pas tomber dans le gouffre du fame) ou si c’était simplement un manque d’expérience. Les chansons du film, composées par Jenny Salgado du groupe Muzion, ne sont pas très riches en textes et en musicalité. Leur interprétation n’était pas non plus très fluide. Disons que le flow n’y était pas spectaculaire. Par ailleurs, certaines séquences où l’on présente une accumulation de désillusions que peuvent avoir des familles haitïennes en arrivant au Québec apportent une dimension intéressante au film. Néanmoins, l’humour avec laquelle cet aspect est présenté atténue un peu l’impact du propos. L’intention de souligner la valeur du hip hop haïtien est perceptible, mais le scénario n’arrive pas à soutenir ce désir.

Scratch, un film qui nous laisse sur notre faim.

Au final, ce film a une certaine valeur par l’originalité de sa narrativité, passant du documentaire, à la fiction, et au vidéoclip. Mais dans l’ensemble, on dirait que quelque chose manque. Un peu plus de subtilités dans le jeu des acteurs ainsi et qu’un hip hop plus recherché aurait certainement renforcé la portée du film.

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