(re)Découvrir Varda par Agnès

France, 2019
Note : ★★★★

Dans son ultime film, la grande dame du cinéma revient sur sa carrière artistique, de son métier de photographe à celui d’artiste d’installations visuelles, et surtout sur son métier de cinéaste qui traverse les décennies. Un documentaire à l’image du personnage unique qu’était Agnès Varda : grand dans sa petitesse. Petite de corps et grande malgré la petite place que le cinéma lui a réservé pendant trop longtemps.

Dès les premières images la touche magique Varda opère : le générique complet avec tous les gens qui ont travaillé sur le film sur une musique amusante constituée de clavecin et de flûte. À la fois joyeux et doux, ce générique (remerciements inclus) célèbre la collaboration qu’implique ce film de même qu’étale devant nos yeux l’ampleur de la carrière de l’artiste qu’était Agnès Varda.

Le film est un mélange de plusieurs types d’images : différentes causettes/leçons, extraits intégraux de ses œuvres, extraits commentés, entretiens faits pour le film et entretiens passés. Cette diversité rend bien l’œuvre de Varda. De même que les changements de lieux et de publics des leçons captées; d’un public plus âgé à celui de jeunes collégiens. Son œuvre s’adresse à tous. Elle s’adresse à tous.

Seul bémol à souligner, la présence du directeur de la Fondation lors d’une des causettes. Même si l’homme est important dans la carrière d’artiste visuelle d’Agnès Varda, son introduction dans la conversation d’Agnès avec nous brise ce rapport intime que le film avait construit dans les précédentes 90 minutes. L’homme n’est pas un protagoniste au même titre que JR l’était dans Visages Villages (2017), mais seulement un visiteur plutôt inutile.

 

La cinéaste fascine lorsqu’elle explique, décortique et revisite ses œuvres avec un regard toujours clair. Elle met de l’avant des aspects de son cinéma (étrangement très mathématique) qui peuvent surprendre et nous permet de redécouvrir son travail.

Ainsi, la symétrie de Cléo de 5 à 7 (1961) inspirée par la peur collective du cancer, les rires et le sentiment de collectivité dans ses œuvres militantes (des Black Panthers au mouvement féministe); la réflexion sur le travelling qui habite Sans toit ni loi (1985); la rupture avec les normes cinématographiques dans La pointe courte (1955); son utilisation des couleurs (Le bonheur (1965) et autres) jusqu’à l’importance qu’elle accorde aux plages du monde entier qui ont meublé sa vie. Plusieurs éléments nous permettent de repositionner ses œuvres dans l’histoire du cinéma ou de se repositionner face à ses films en tant que spectateur.

 

Sa pratique, elle l’affirme, n’existe que par trois termes : inspiration, création et partage. C’est exactement ce que Varda par Agnès produit. Elle nous inspire, célèbre la création et ne peut se vivre que par le partage. Le partage de cette dame envers nous, mais également le partage entre nous de son lègue majeur. À déguster doucement, à fleur de peau. À l’image de son travail et pour la paraphraser : rien dans ce film n’est banal si on a un regard empreint d’amour et d’empathie.

Ce film a été vu dans le cadre du Festival du nouveau cinéma 2019.

Bande-annonce :

Durée : 1h55

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