Meilleur long métrage d’animation au Festival du film de Stuttgart en 2016, le film d’animation espagnole d’Alberto Vasquez et Pedro Rivera, Psychonauts: The Forgotten Children est un conte post-apocalyptique et une aliénation post-industrielle. ♥♥♥½
Également un roman graphique par Alberto Vasquez, puis un court-métrage adapté au grand écran sous le nom de Birdboy (2012) par les deux mêmes réalisateurs, Psychonauts représente un monde semblable à celui de Mad Max.
En effet, les pilleurs de cuivre ( qui ouvrent merveilleusement le film ) nous présentent une époque industrielle où on y retrouve les « enfants oubliés » qui sont avides de sang. Par contre, Psychonauts est plus intéressé par l’histoire des enfants que le propos alarmant, à qui le dicton suivant est appliqué : « Pas tout qui possède un corps est vivant ».
Le film raconte l’histoire des adolescents Birdboy et Dinky. Birdboy est coupé du monde et de la vie, portant à la fois les blessures familiales et personnelles, tandis que Dinky vit avec ses parents adoptifs qui ne comprennent pas ses soucis. Birdboy est dévoré par ses démons intérieurs qu’il tente de se défaire, quant à Dinky et ses compagnons , Sandra et Dorrito, ils veulent quitter cette île sans avenir.
Psychonauts: Un récit dépressif qui s’adresse aux adultes plutôt qu’aux enfants
Les enfants de Psychonauts sont davantage le produit des 400 coups de Truffaut (1959 ) que les membres d’une famille heureuse. En plus de l’histoire de Birdboy, ce long métrage contient plusieurs lignes narratives à travers différents personnages. Psychonauts utilise ainsi des flashbacks pour naviguer dans un passé plus calme et paisible; pour compenser la beauté exposée, les hallucinations qui ne manquent jamais d’impressionner le spectateur.
Combattre ses démons intérieurs
Une aventure plus que personnelle, Psychonauts: The Forgotten Children est une véritable bataille intérieure de celui que vous êtes et celui que vous vous choisissez d’être.
Contrairement à Fantastic Planet (1973), l’inégalité et la domination ne sont pas appliquées entre les membres de différentes tribus et espèces, mais entre le même individu à différents états d’âme — dans laquelle une décision difficile doit être prise. Cette dissociation identitaire est présente tout le long du film.
Le cinéaste David Cronenberg (History of Violence, Eastern Promises) serait particulièrement fier de cette agitation intérieure des personnages, surtout Birdboy qui est sans cesse pris avec des soucis démoniaques. Psychonauts porte à travers son récit des procédés graphiquement impressionnants, mais jamais répétitifs.
Adulte dans l’âme, Psychonauts est l’un des films d’animation les plus sincères au cours des dernières années malgré que les cinéastes auraient pu développer un peu plus en profondeur ce monde visiblement perdu.
*Le film sera présenté ce samedi à 13h50 au Théâtre Concordia Hall en présence du coréalisateur et coscénariste Pedro Rivero.
Cette critique a été écrite dans le cadre du Festival International de films de Fantasia.