Grand homme de théâtre, d’opéra et de cinéma, Patrice Chéreau est décédé le 7octobre à l’âge de 68 ans. Il y a de cela un an, il était passé à Montréal dans le cadre d’un hommage par le TNM et l’Excentris. Il faisait, depuis longtemps déjà, partie des grands réalisateurs français: Deux césars, deux Ours à Berlin (Or et Argent), un prix du jury à Cannes et pas moins de 4 Molières, ce grand monsieur du cinéma et théâtre s’est intéressé autant au classique qu’au contemporain. Par exemple, il est l’auteur au cinéma du merveilleux «La Reine Margot» mais également pour le théâtre d’adaptations d’Hamlet ou de Phèdre.
Né le 2 novembre 1944, dans le Maine-et-Loire, le jeune Chéreau s’intéresse tôt à l’art et la culture. Alors qu’il fréquente le Lycée Louis-le-Grand dans le 5e arrondissement, il joint la troupe de théâtre de l’établissement et signe même des mise-en-scènes.
En 1966, âgé de seulement 22, il prend la direction du théâtre de Sartrouville dans les Yvelines. Il consacre les années suivantes au théâtre, montant des pièces en Italie et France.
En 1974, il réalise son premier long métrage, La chair de l’orchidée. Le film, malgré ces deux nominations aux César, n’aura qu’un succès confidentiel.
En 1976, il monte une adaptation décalée de la tétralogie de Warner pour le théâtre de Bayreuth. Encore aujourd’hui, cette création porte une aura mystique. Le succès de celle-ci lui permettra dorénavant de travailler avec une liberté quasi-totale, et ce, dans les plus grands opéras du monde et avec les chanteurs les plus acclamés.
Il est de retour au cinéma en 1978 avec Judith Therpauve, film mettant en vedette Simone Signoret et qui passa inaperçu de presque tous. C’est avec son troisième film, L’Homme Blessé (1983), que le public cinéphile découvre le cinéma de Chéreau. Le scénario, l’aboutissement de 6 années d’écriture et de réécriture, fut récompensé par un César.
En 1994, avec La Reine Margot (d’après Alexandre Dumas), ce n’est plus seulement auprès des cinéphiles français que sa renommée d’homme de cinéma se fait sentir, mais aussi en Amérique et en Angleterre. Le film, qui met en vedette Isabelle Adjani dans son plus beau rôle au cinéma, fut nominé aux Oscar et aux Golden Globes aux États-Unis et au BAFTA en Angleterre.
Ses films suivants diviseront la critique et le public. Son dernier film, Persécution, date de 2009 et met en vedette Charlotte Gainsbourg et Romain Duris. En juillet 2013, au Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, il avait présenté Elektra de Richard Strauss qui fut un véritable évènement.
Au moment de son décès, il travaillait à la mise en scène de Comme il plaira de William Shakespeare qui devait être présenté à l’Odéon en mars prochain.
Filmographie
- 1974 : La Chair de l’orchidée (Réalisateur)
- 1978 : Judith Therpauve (Réalisateur)
- 1982 : Danton d’Andrzej Wajda (Acteur)
- 1983 : L’Homme blessé (Réalisateur)
- 1985 : Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (Acteur)
- 1987 : Hôtel de France (Réalisateur)
- 1991 : Contre l’oubli (film collectif) (Réalisateur)
- 1992 : Le Dernier des Mohicans de Michael Mann (Acteur)
- 1994 : La Reine Margot (Réalisateur)
- 1994 : Bête de scène de Bernard Nissille (Acteur)
- 1997 : Lucie Aubrac de Claude Berri (Acteur)
- 1998 : Ceux qui m’aiment prendront le train (Réalisateur)
- 1999 : Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz (Acteur)
- 2000 : Intimité (Intimacy) (Réalisateur)
- 2002 : Au plus près du paradis de Tonie Marshall (Acteur)
- 2003 : Son frère (Réalisateur)
- 2003 : Le Temps du loup de Michael Haneke (Acteur)
- 2005 : Gabrielle (Réalisateur)
- 2009 : Persécution (Réalisateur)