Après le succès Drive, le réalisateur Nicolas Winding Refn est de retour avec ce Only God Forgives qui fut projeté en mai dernier en sélection officielle du festival de Cannes. ♠ Tourné avec un budget très réduit, il se passe en Thaïlande magnifié par une direction photo chaude et superbe.
L’histoire : À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics …
Comment un film de genre auquel on aurait ajouté un super directeur photo (Larry « Eyes Wide Shut » Smith) et des acteurs connus, peut-il autant fasciner ?
Clairement la question mérite d’être soulevée tant elle permet une grogne réelle chez les spectateurs qui croyaient y trouver là un voyage digne d’intérêt !
Au-delà de la mise en scène, complémentaire à la photo, c’est surtout le scénario plein de symbolisme qui énerve. Refn l’explique en présentant ses deux personnages principaux l’un comme un être voulant combattre Dieu (Gosling) et l’autre se prenant pour Dieu lui-même (Chang). Véritable ode à la revanche personnelle, Only God Forgives s’attarde plus sur les plans (et leur esthétisme) que sur la crédibilité de son histoire : En effet, une fois le malin entré dans la pièce, les personnages sont résignés n’apposant alors aucune résistance face à un bourreau prêt à leur ôter la vie. Pas ou peu de réaction donc ni même de peur, ils se comportent en victime consentante…Certes, nous sommes ici bien plus loin de Von Trier que de nombreux films de genre…Mais les choix scénaristiques (qui sont pourtant peu nombreux) finissent par énerver fortement.
Côté interprétation, le personnage de Gosling (Julian) est décrit comme ultra-torturé par le réalisateur…pourtant, l’acteur canadien semble ne pas faire grande chose d’autre que d’apposer sa belle gueule tel un accessoire esthétique du film…
On finit par constater les belles images, les beaux acteurs et le serieux que prend Refn à raconter une histoire dont on finit par se désintéresser complètement. Car en effet, pour citer Cassavetes, « Les films ne sont pas que des photographies. Ce sont des sentiments mis en images. Si nous parvenons à capturer les sentiments des gens, leur manière de vivre, alors nous réussissons un bon film. »
Seules consolations : La musique, superbe, de Cliff Martinez et Kristin Scott Thomas, en contre-emploi total, et qui interprète une combinaison de Lady Macbeth et Donatella Versace…(en légèrement plus trashy)
Bien peu ! Bien trop peu !