Neuf le film – Film à sketch enfin québecois

Film à sketch comique ou comédie satirique, Neuf le film est un pari risqué qui devrait s’avérer payant malgré quelques faiblesses des premiers segments ♥♥♥

Un homme dont la petite amie vient tout juste de mourir, une jeune femme qui s’est récemment évertuée à convaincre une ancienne connaissance rencontrée lors d’une fête qu’elles ont déjà été des amies très proches et un homme hautain, qui a magasiné des appareils électroniques en insultant au passage le vendeur, assistent tous à la conférence de Marc Gauthier. Celui-ci, prétendu gourou de la communication, propose une nouvelle approche afin d’améliorer les relations entre les êtres humains. Mais, comme s’en rendront compte ces participants, il y aura toujours un décalage important entre la théorie et la pratique.

 

Il existe de nombreux films à sketch qui ont déjà fait leurs preuves. Dans les plus récentes réalisations réussies, Les infidèles et les Nouveaux sauvages étaient des œuvres qui poussaient les limites de la comédie pure pour voyager dans les contrées vastes du cinéma…en tout cas souvent loin de la télévision ce qui expliquait par la même occasion leur présence dans les salles obscures.

Pour Neuf le film, on sent une démarche artistique à la fois dans la direction photo et dans le choix des metteurs en scène…également dans les thématiques assez complexes du malaise. Toutefois Neuf le film convainc à moitié ! Explications.

 

Stéphane E.Roy à l’origine du projet, avait écrit pour le théâtre une pièce : 9 variations sur le vide

Aujourd’hui le scénario du film qui en est tiré s’avère très loin du texte original (selon les dires des producteurs eux-mêmes) puisqu’il a été laissé carte-blanche aux neufs réalisateurs qui ont bien souvent repris le texte de Mr Roy pour l’adapter à leur sauce !

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Neuf le film est vendu comme une comédie satirique alors que c’est plutôt une comédie malaisante. Le résultat est que cela fonctionne parfois (le segment avec Messieurs Gaudette et Canuel est sans doute plus réussi) et moins d’autres fois confiné dans de fausses engueulades statiques où les joutes verbales semblent insuffisamment travaillées pour fonctionner au cinéma.

 

Le film démarre avec Abus et Subitement qui placent le spectateur dans un inconfort trop loin de la comédie malheureusement. Le troisième segment Fuite de Ricardo Trogi (considéré comme le maitre de la comédie depuis les succès de 1981 et 1987) lève enfin légèrement dans l’humour tout comme Hystérie dont les qualités techniques de direction d’acteurs et photo en font de bons segments même si les rires se font encore trop peu présents.

Il faudra enfin passer une heure de film pour trouver en Je me souviens  et Halte routière les deux meilleurs segments. Le premier montre une prise de bec entre Magalie Lépine-Blondeau et Anne-Elizabeth Bossé mis en boîte par Micheline Lanctôt tandis que le second aborde très subtilement et beaucoup de justesse la question des attirances (consentie, consentant ou non). Le face à face entre Nicolas Canuel (frère du réalisateur Erik Canuel par ailleurs) et Maxim Gaudette est le meilleur moment de ce film rappelant par ailleurs combien le grand Maxim manque beaucoup au septième art (lui qui était également parfait en père de famille l’an dernier dans Les êtres chers).

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Le film retombe légèrement avec son Banque route malgré la sympathie des acteurs présents (Sylvain Marcel, Marianne Farley et Diane Lavallée); Le segment est fortement à rapprocher des Nouveaux Sauvages…la folie en moins

Le lecteur de Marc Labrèche fonctionne quant à lui correctement mais concernant le grand Marc, nous serions en mesure de ne jamais attendre moins que l’excellence…malheureusement.

C’est donc un ensemble plutôt agréable qui verra des comédiens avoir bien du plaisir à se joindre à ces textes ciselés au couteau mais dont le résultat final fonctionnera finalement dans des extraits fort réussis plutôt qu’un tout homogène et euphorisant.

Pour la petite histoire, le tournage global fut d’une douzaine de jours répartis entre le Québec et la Belgique très souvent en un seul jour de tournage pour chaque segment et de nombreux plans séquences. Preuve en est qu’il est possible d’imaginer des longs métrages comédie sans trop de moyens. Si le Québec est aussi fort en comédie télévisées, il ne devrait plus tarder à s’ajuster pour les besoins d’un septième art local qui a grandement besoin d’autre chose que du cinéma d’auteur (qui constitue en nombre une offre sans doute trop importante pour le grand public).

 

Crédits photos: 9lefilm.com

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