Il a re-tué sa mère ! ♥♥♥♥♥
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent profondément turbulent. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de la mystérieuse voisine d’en-face, Kyla.Quoi qu’on puisse dire, Xavier Dolan a déjà gagné son pari !
Récompensé du prix du jury à Cannes, il est probable que son cinquième long métrage soit celui qui fasse également le plus de recettes notamment sur son territoire.
Car oui Mommy est un film réussi ! Pour les sceptiques qui se demandaient encore si le battage médiatique cannois n’était pas légèrement grossi…oui le nouveau film du réalisateur québécois a de quoi contenter son auditoire…et oui il faudrait courir le voir !
Mais Mommy est aussi le film qui semble ressembler le moins à son réalisateur. Certes, il y a beaucoup de Dolan chez Dolan…mais c’est comme si le jeune prodige avait voulu gommer tout ce qui faisait sa marque de fabrique.
Mommy est en fait le petit frère de J’ai tué ma mère; Steve est le petit frère d’Hubert quand Anne Dorval reprend le rôle de mère et Suzanne Clément le rôle de l’institutrice. Niveau écriture, Dolan va plus loin dans ses personnages puisque chacun porte sur lui le poids du handicap quand J’ai tué ma mère traitait plutôt de la sortie de l’adolescence (et le point de vue narratif était lui-aussi inversé). C’est à la fois le fils direct et son antithèse : Exit les ralenties et les références permanentes aux autres arts, Mommy sera le portrait d’une femme d’âge mûr et non d’un enfant turbulent en construction. C’est à la fois plus construit (l’histoire est bien plus écrite que pour ses deux premiers films par exemple) et moins élitiste. Le montage suit scrupuleusement les choix musicaux et l’ouverture du cadre au milieu du film est une des seules facéties de l’auteur plutôt bien trouvée pour conserver une certaine signature.
Dolan semble aujourd’hui complètement assumer ses influences… son côté pop particulièrement : Lana Del Rey, Céline Dion ou encore Eiffel 65… Autant de bonbons qu’il incorpore très bien dans sa bande sonore cette fois-ci assez exsangue de musique indé (The Knife/Moderat…). L’un des plus beaux moments du film consistera en cette scène sur « on ne change pas » ou les trois acteurs se mettent à danser dans une cuisine…
En revanche, quelques réserves subsistent avec l’utilisation de musique de ses teen movie (Craig Armstrong extrêmement connoté Romeo + Juliet et Colorblind pour Cruel Intention) et sur l’influence de Jane Campion telle cette scène de capture de Kate Winslet dans Holly Smoke…
Les performances des comédiens font le reste à commencer par Anne Dorval, impériale et mythique. Ce rôle aurait pu lui valoir le prix d’interprétation à Cannes…Mais si tel avait été le cas, un prix « plus important » aurait alors manqué au réalisateur.
Quoi qu’il en soit, Mommy est à voir ! C’est certain !