Malgré un envol tardif, Metalhead demeure une oeuvre sympathique et touchante. ♥♥♥
Peut-on jamais passer outre les expériences qui façonnent notre enfance? Avec Iron Maiden, Judas Priest et Venom comme trame sonore, METALHEAD propose une brûlante interrogation sur les tragédies qui nous marquent pour toujours et sur notre volonté de lutter afin d’échapper à une ingrate destinée.
La jeune vingtaine, Hera vit dans une petite ville d’Islande où l’abattoir local offre les seuls bons emplois à des milles à la ronde. Constamment sur le point d’exploser, Hera se révolte, se débat, rejette le monde bourgeois qui l’entoure et hurle contre ses parents et l’église qu’ils fréquentent assidûment. Le heavy metal, pour elle, constitue une sortie de secours pour fuir la navrante réalité rurale de son bled perdu. Lorsqu’elle avait douze ans, Hera a été témoin de la mort tragique et sordide de son grand frère; maintenant, elle fait honneur aux cassettes et à la guitare de son frère, montant le volume au maximum pour anéantir l’apparente quiétude de son quotidien morose. Mais l’arrivée d’un jeune prêtre, et surtout la proposition inopinée de son amour d’enfance, changent la donne. Malgré elle, Hera doit réexaminer sa façon de vivre : la musique, ce truchement néfaste qui l’enchaîne au passé, pourrait-elle aussi s’avérer son salut et son avenir? Persuadée que Dieu lui doit quelques faveurs afin de racheter ce que sa famille a dû subir, Hera se vautre de plus en plus dans la culture heavy metal, au point d’y être engouffrée corps et âme. En véritable force de la nature, elle vit par l’intermédiaire de sa guitare et tente de « briser le mur du son ». Tout en rendant un vibrant hommage aux dieux tonitruants du heavy metal,METALHEAD se définit comme une réflexion sur le deuil, mais une réflexion comique et singulièrement noire.
Hommage sans nuance au mouvement du Heavy Metal en entier, le film apparait au départ comme un hommage malhabile au genre maudit sans portée véritable au delà de ce cadre. En effet, on peine à voir où cet apparent fouillis se dirige durant le premier tiers qui manque malheureusement de nuance et n’échappe pas aux stéréotypes des milieux qu’il représente. Par contre, le film finit par prendre son envol de belle façon au grand plaisir de tous les spectateurs! S’il annonce une ode à la rébellion et la musique de cheveux, le réalisateur manipule habilement son histoire et ses spectateurs en montrant que rien n’est à tenir pour acquis chez ses personnages. Réflexion sur la marginalité et la rébellion, le film lance des pistes de réflexion et fait le pont impossible entre les deux pôles de son récit – la religion et le heavy métal – en montrant au final une belle ode à l’acceptation de la différence et au respect d’autrui… sous le son des guitares tonitruantes de Symphony of Destruction de Megadeth!