Le piège Arnault ? Avec Merci Patron, François Ruffin réalise un pied de nez pour la France d’en bas et signe une sorte de thriller social façon strip-tease. ♥♥♥
Jocelyne et Serge Klur travaillaient depuis des années dans une usine qui fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes. Car Bernard Arnault, qui, entretemps, a demandé la nationalité belge, a décidé de délocaliser la production en Pologne. Pour le couple, désormais au chômage, c’est la catastrophe. Lourdement endetté, il risque de perdre sa maison. François Ruffin, fondateur du journal Fakir, se met en tête de le sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne soeur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira défendre sa cause à l’assemblée générale de LVMH…
Il faut être honnête. C’est un portrait à charge de Bernard Arnault, qui sera donné à voir au spectateur entré dans la salle voir Merci Patron. Nous sommes donc assez loin du documentaire; le style côtoie ici la plupart du temps la satire surtout dans la première partie qui ressemble plutôt à un acharnement plutôt qu’à une démarche constructive ou informative. Pourtant Merci Patron dispose d’une démarche téméraire mise en œuvre par François Ruffin : A lui la réussite d’une démonstration d’une grosse arnaque qui met en avant l’entreprise florissante LVMH qui dispose d’un département « gestion de crise » prêt à dédommager les plus mécontents pour autant que ces derniers acceptent de ne plus faire de bruit. C’est avec ce pari très risqué que François Ruffin mais également la famille Klur entrent dans un dispositif de caméra caché l’espace de quelques semaines (le tout étant souvent enregistré en caméra planquée)
On n’en révèlera pas plus sur ce film instructif et parfois hallucinant. Ce qu’on ne sait pas, c’est que les 26 et 27 septembre dernier, l’ancien commissaire de police, Jean-François D, qui avait rejoint le service de sécurité de LVMH, a passé plusieurs jours en garde à vue…
Tourné en ridicule par Merci patron, voilà donc le même homme au cœur d’un autre polar. En enquêtant sur Bernard Squarcini, soupçonné de « trafic d’influence », la police a en effet intercepté de nombreuses conversations avec Jean-François D.
L’histoire ne dit pas d’où vient l’argent et comment passer la dépense comptablement. Niveau légal et fiscal, on se dit que LVMH doit avoir plusieurs cordes à son arc afin de justifier ce type de dépense….En revanche, ses lieutenants semblent moins protégés que la compagnie qui vaut des millions….
Un petit pas pour l’homme….